tu mens tant

Les figures populaires de votre lycée sont rarement de bons partis sur le long terme. Ils ne brillent guère de par leur intelligence, mais plutôt par des tenues « trop stylées »  facilitée par l’aisance financière de papa et maman, une place dans l’équipe de baseball de votre établissement, un talent de musicien faisant de cette personne le leader du groupe indie rock adulé par tous vos camarades, ou dans le pire des cas, une aptitude à rabaisser les autres en faisant rire la galerie. Alex, c’était un mélange acide de tout ça. Il y a encore trois jours, tu vivais avec lui, avec ce mec qui te faisait craquer en cours, lui et son tempérament survolté, ses mots qui berçaient une insolence justement dosée et rendaient les professeurs barges. Bien vite, il te faisait découvrir de nouveaux trucs, t'entraînait dans son monde à lui, celui de la vie nocturne, des drogues douces. Jusque là, tout allait bien. T'as continué tes études, élève autrefois assidue, t'as persévéré, tant bien que mal, mais est venu le jour où le talent ne payait plus et la "pente dangereuse" gravée bleue sur blanc sur le relevé de trimestre s'effondra totalement sous tes pieds. Alors t'as abandonné, tu t'es trouvé une place dans le monde nocturne, mélangeant les poisons sous les néons, pas loin d'Alex, toujours. Le musicos raté devient videur. La drogue douce devient dure, l'ascension est rapide. Virées dangereuses, ivres, à toute vitesse sur l'autoroute. Poudre à rêves, aiguilles, cris, hématomes. La violence mord ton corps, tous les jours, Alex devient colérique et un soir, sans prévenir, la drogue te rend léthargique. Ton frère te retrouve à demi-morte, et tu te réveilles ici, dans ce monde blanc et aseptisé, tremblante d'une addiction ancrée au plus profond de ton corps.