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 Tigre de papier (accord parental souhaitable)

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MessageSujet: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 18 Juin - 18:20

On les appelle Les livres qui voyagent. C'est quand des gens oublient volontairement des affaires sur les bancs, par terre, sur le bord d'une fenêtre... pour qu'un autre les trouvent et fasse de même après. Pour faire découvrir la culture à l'étranger, à l'inconnu et au perdu. Sans y mettre le visage et le nom.

Ça ressemblait un peu à ça.

"La Peau de chagrin"

Couverture au grain blanc cassé, au titre noir. Minimaliste, il se disait. Entre les mains de Loup ça fait tâche, ça fait élève distrait à qui on a donné ça pour voir comment ça rendrait. Eh ben ça rend pas bien, il donne l'impression d'avoir volé ce qu'il vient de trouver. Loup et ses parures un peu écorchées sur le bas du tee-shirt, près des poches du pantalon. Loup qui fait pas attention. À part pour le livre solitaire qui s'est échoué. La culture est belle, mais Loup il la comprend pas. Si un objet du voyage tombe entre ses mains, c'est perdu. Loup la culture. Surtout les bouquins.
Par contre, en ouvrant la première de couverture, il peut déchiffrer des caractères à la main. Et ça indique un nom, un endroit à aller voir, quelqu'un à qui aller tirer l'épaule pour dire Eh ! j'ai retrouvé un truc à toi.
Et là il comprend. Un livre qui voyage ne porte pas de nom. Alors ça veut dire que celui-là appartient à quelqu'un.

Et le chiffre manuscrit il dit 292.
Balzac vit au 292.

C'est là qu'il se rend, en faisant attention à ce que rien ne dépasse du pavé littéraire. On sait jamais, qu'il se dit: Y a toujours ces maniaques qui glissent un million de choses entre les pages. Pour se souvenir d'un moment marquant, d'un fait un peu drôle ou pour montrer plus tard à un autre. (Sauf erreur, il croit détecter une marge arrachée entre deux chapitres)

Bruit des phalanges contre le bois. Il sait pas s'il a le droit, de demander à entrer chez quelqu'un qu'il connait ni d'Eve ni d'Adam, mais Balzac il faut bien qu'il retrouve ses parents.
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Eri
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 18 Juin - 19:12





Tigre de papier

Eri & Loup



Tic. Tac. Tic. Tac. Mange Eri. Ton plat va refroidir. Et la fourchette semble chercher une réponse à cette obligation de se nourrir en maltraitant cette misérable purée de carottes. Qu'elle est laide, cette nourriture. Les pilules, c'était mieux, pas vrai, Eri ? Au moins, avec cette chose dans ton assiette, tu peux dessiner. Petit chat orange, l'aideras-tu à préserver ses sept vies ?

Le lit grince. Ses pieds nus caressent le sol. La fenêtre accueille un cadavre sur son bord. Il faut t'habiller Eri. Tu risques d'attraper froid. Ne soupire pas. Arrête de faire comme si tu n'en avais rien à faire. Ton amie sait que c'est faux.

Elle reste là un moment, à regarder ses livres éparpillés dans la chambre. Un. Deux. Trois. Balzac. Où est-il ? La fille aux yeux d'or. La duchesse de Langeais. Ferragus. L'histoire des Treize allait bien. Etudes Philosophiques. L'enfant maudit. Oh.

Elle se lève, ramassant ses longues mèches blondes. Cache-toi. Cache-le. Cache ce corps squelettique autant que tu peux, Eri. Ca ne changera rien.

Toc. Toc. Toc.

Comment ? Serait-ce le fantôme de Raphaël  qui toque à la porte ? Elle déglutit. Allons, Eri. De quoi as-tu peur ? Tout ira bien.

Elle s'approche. Doucement. La porte grince. Gare au loup, toi qui n'est qu'une brebis à l'agonie. Tes grands yeux le regardent. Attention Eri. Tu risques de lui faire peur, lui aussi. Tu as bien de la chance que les livres ne puissent pas déguerpir, eux.

La Peau de Chagrin. Toi aussi, tu avais voulu tromper la fatalité, Eri. Mais le sort t'a rattrapé et tu te retrouves dans cette chambre. Avec cette purée orange et tes pilules magiques prisonnières du donjon gardé par les dragons en blouses blanches.

Elle le regarde. Dans les yeux. Il te fait peur ? Comme si tu n'avais jamais eut peur des gens, Eri. Ta voix est brisée, aiguë.


" « Si tu me possèdes, tu posséderas tout, mais ta vie m'appartiendra. ». Les hommes sont si cupides, parfois. C'est amusant. "


Elle sourit. Pourquoi tu souris, Eri ? Tu te moques ? Non, ce n'est pas ton genre. Elle glisse ses mains sur le bouquin. Ses doigts squelettiques cherchent des pages, des choses. Mais ne trouvent pas.


" C'est bien ce que je disais. Ils ont gardés les meilleurs passages. Et ma capote. Quelle dommage. "


Eri, arrête de parler. Tu as l'air bizarre.



by tris
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyMer 21 Juin - 18:39

Loup entre dans ce qui est la maison de quelqu'un d'autre. Ce qui est peut-être. Il reste de marbre face à la froideur de la pièce qui n'a pas connu la moindre personnalisation depuis le temps où on l'a investie (sûrement), mais au fond de lui ça provoque un sentiment de malaise. Il ne saurait pas dire s'il préfère les choses en l'état, ou si le manque de couleurs lui noue justement l'estomac. Mais il n'a pas le temps d'y réfléchir plus longtemps; le maître des lieux s'approche, l'air de rien. Vraiment rien.

Récitation.
Une phrase... que Loup ne comprend pas provenir du livre qu'il a entre les mains. Il croit à une introduction, à la première parole qu'un garçon tel que lui mérite. Posséder tout puis se faire posséder. Est-ce que c'est ça? La voix fragile et funambule qui vibre autour de lui le déstabilise. Loup ne sait pas s'il a le droit de l'approcher, de la toucher sans craindre de la briser. Loup il devine pas les maladies et les maux qu'ont les gens, alors par instinct de conservation, il prend garde à reculer quand on s'approche.
Sauf que la fille d'albâtre ne lui accorde pas ce plaisir.

"Ils ont... Quoi?"

Les pages se tournent, soufflent des mots et des vides. Les vides dont-elle parle? Il ne sait pas. Qu'est-ce qu'il peut savoir? Ah ! Il sait, pour Balzac. Oui, c'était sa raison de venir. Vite, il faut lui dire.

"Désolé pour le dérangement, mais je crois que c'est à toi."

Il préfère abandonner l'objet saint entre les doigts de celle à qui ça appartient. Maintenant Loup se sent mieux. Loin de la culture. Il n'a jamais aimé ces mots noirs sur du blanc. C'est comme les ombres des gens qui se promènent dans les couloirs de ce bâtiment. Blafards, avec un gout d'amer.

"J'ai pas trouvé d'capote.
Eh..."


La fille d'albâtre est terriblement maigre. C'est ce qu'il est en train de se dire, juste après le coup de la capote. Y a un froncement de sourcils parce qu'il se demande si c'est la raison pour laquelle cette chambre est occupée (même si elle demeure aseptisée comme ça). La curiosité pousse sa voix à émerger du fond de sa gorge mais il se ravise à la dernière minute par un déglutissement. Les affaires étalées comme du beurre au sol lui disent qu'il y a quand même un peu de caractère dans cet endroit, que c'est pas complètement blanc non plus. Y en a plein d'autres, des livres comme ça. La famille de Balzac?

"J'avais pas vu, pour les passages manquants. C'est pas moi, j'te jure."
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Eri
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyJeu 22 Juin - 22:42





Tigre de papier

Eri & Loup



Quand arriveras-tu à bien te comporter, Eri ? Pourquoi es-tu toujours obligée de faire ton truc ? De faire "ta Eri" ? Tu dis des choses, fais des choses que les gens ne comprennent pas. Les gens ne peuvent pas comprendre.

Elle sent qu'il est mal à l'aise. Il la regarde comme une créature fragile et inconnue. Comme tout le monde. Tes garçons te manquent. Eux, ils ne te regardent pas comme ça, au moins. Peut être parce que sans toi, ils ne sont rien que des gamins perdus dans la nature qui baisent pour survivre. Les gens ne peuvent pas comprendre.

Il ne comprends pas quand tu parles. Elle ricane discrètement. Elle le trouve drôle. Avec ses explications. Il se justifie. Mais elle sent, elle sait que c'est pas lui le méchant. Il se demande ce que tu fais là, pas vrai ? Ils se le demandent tous. Ils n'ont pas les mêmes idées. Les gens ne peuvent pas comprendre.


" Tu peux me poser la question, tu sais ? Tu sais, cette question que personne n'aime. Je ne suis pas là parce que je suis folle, je te jure. J'ai du mal avec les gens, c'est vrai mais je ne suis pas folle. Même si les gens fous n'arrêtent pas de dire qu'ils ne sont pas fous, haha ..."


Elle se racle la gorge. T'as essayé, Eri, c'est bien. T'en as peut être trop fait mais t'as essayé de dissiper le malaise, le quiproquo. Pas sûre que ça ait marché mais t'as essayé.


"La capote, oui. C'est un porte bonheur. Enfin, elle est pas à moi. Enfin, bien sûre qu'elle est pas à moi, je suis une fille et les capotes, c'est pour les garçons avec des pénis. Et j'ai pas de pénis. Je crois que je dis trop le mot pénis, hum."


Si t'étais pas Eri, tu pourrais être embarrassée. Mais c'est ta façon d'exprimer ton malaise. Tu parles beaucoup. T'essaies d'appliquer ce que te dis Takumi. Il faut rester courtoise avec les nouveaux gens. T'as essayé. C'est pas grave. Elle ferme les yeux comme si ça allait effacer le malaise. Inspire. Expire. Ouvre les yeux.


"Je te crois. Quand tu dis que c'est pas toi qui a prit les pages de mon livre. Oh. Et oui, c'est mon livre. C'est mon frère qui me l'a offert. Parce qu'il sait que j'adore la littérature française. Surtout Balzac, depuis que j'ai lu La Fille Aux Yeux D'or. C'est mon préféré."


Eri, tu t'égares. Tu t'éparpilles. Tu vas énerver ce garçon qui est juste venu te rendre ce qui t'appartient. Mais les gens ne savent pas. Ils ne savent pas que tout ce que tu veux, c'est un ami.

Elle baisse les yeux sur son livre. Elle caresse la couverture un instant et soupire en l'ouvrant sur les pages disparues. Les morceaux de papier pointus lui piquent les doigts. Elle sort de sa chambre et ferme la porte derrière elle. Elle se retourne vers ce garçon.


" Merci de me l'avoir rapporté. C'est très gentil."


Elle s'apprête à s'enfuir, comme à chaque fois. Mais elle hésite. Pourquoi tu hésites, Eri ? C'est parce que pour une fois, un inconnu est gentil avec toi ? Elle déglutit, son regard ne le fixe plus l'espace d'un instant. Elle veut lui demander. Elle veut lui dire. Courage, Eri. Tu peux sortir de ton cercueil de solitude.


" Est-ce que ... Enfin, si tu n'as rien à faire, tu pourrais ... Si ça ne te dérange pas, est-ce qu'il serait possible que .. Hum. Tu m'aides à chercher les pages manquantes ? Ça peut être drôle. Comme une chasse aux trésors. T'as jamais rêvé d'être un pirate ?"


Tu l'as fait, même si tu t'es un peu foiré vers la fin. Mais c'est pas grave Eri, t'es comme ça c'est tout. C'est pas ta faute si les gens ne peuvent pas comprendre.




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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyVen 23 Juin - 18:07

La fille d'albâtre, elle a quelque chose d'un peu intimidant. C'est peut-être son apparente fragilité qui lui donne cette impression que s'il la touche, il pourrait la briser. Au fond, sans doute pas... Mais instinctivement, Loup il essaye de faire attention de ne rien casser, de ne rien bousculer. Comme ça, il ressemble vraiment à une ombre. C'est ce qu'il veut.

Mais quand c'est blanc comme ça, l'ombre elle peut juste pas rester inaperçue.

Elle dit qu'elle n'est pas folle, que c'est parce que les relations humaines, c'est difficile. Loup comprend, oh oui, il comprend parfaitement. Dans sa tête il acquiesce, répond Oui oui je sais ce que ça fait, d'être handicapé des sentiments. Et il y pense tellement fort que sa bouche ne répond rien, les mots sont restés coincés dans le cerveau à faire Oui oui.

"Ça porte bonheur les capotes? Ah... Mais c'est sûr que ça évite parfois les emmerdes."

Tout compte fait, qu'il pense, c'est vrai. Jusqu'à ce que la fille d'ivoire lui dise qu'elle était pas à lui, Loup il se demandait ce qu'elle pouvait bien trouver à une capote perdue entre des pages. Elle se l'enfile pas, quoi. Ou c'était peut-être une proposition maquillée pour celui qui trouverait le livre? Ben Loup est sûrement arrivé trop tard alors, parce que quand il est arrivé, y avait déjà plus rien.
En tout cas, il trouve la réflexion un peu hors du commun. Et peut-être que dans le fond de son ventre ça dit qu'il aime bien. Que l'absurdité, ça permet quand même d'oublier la réalité.

"Je volerais jamais quelque chose que je comprends pas, c'est dit."

Balzac il comprend pas. Alors La Fille Aux Yeux D'or, il la connait pas non plus. Balzac c'est un nom qu'il a peut-être entendu une fois à l'école, quand il était au fond de la classe à suivre distraitement la course des nuages dans le ciel : "Blablabla... Balzac. Blablabla..." Entre temps elle lui dit Merci, signe qu'il s'agissait bien de son livre, de sa créature de papier. Alors ça soulage Loup qui sait maintenant qu'il n'a pas parcouru les couloirs pour rencontrer le vent du bâtiment.
(...)

"Eh, ne t'enfuis pas!" il argue dans sa tête quand la fille de l'air s'en va.

Les malades qui quittent leur chambre, il en a pas vu beaucoup. Et la gamine qui ressemble un peu à un... (fantôme) ne semble pas s'en soucier. Pieds nus, elle disparait derrière l'encadrement de la porte, que Loup traverse peu de temps après. Il comprend qu'elle l'appelle, derrière ses lèvres scellées.

"Tu veux qu'on parte à la recherche de ton porte-bonheur?" (Il demande simplement, alors que derrière l'innocence de la question y a l'image d'un préservatif cocasse qui s'illustre) "Ouais. C'est bon. Faudra fouiller les poubelles, aussi... Ça risque d'être un peu sale, mais ça te dérange pas?"

C'est à peu près sûr que les vivants de l'hôpital vont mal les regarder, mais s'ils se débrouillent bien, ils devraient vite trouver, non? Comment ça, ça se trouve pas si facilement un trésor?
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Eri
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptySam 24 Juin - 19:13





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Eri & Loup



La capote. "Tiens, Eri. Je te donne ma dernière. Elle est rigolote, pas vrai ? Elle va te porter chance !". Tu l'aimes bien, ce Ethan, pas vrai ? Après tout, c'était ton premier. Il avait que dix-sept ans quand tu l'as ramassé sur le trottoir mais aujourd'hui, t'arrives même plus à savoir qui a sauvé l'autre. Est-ce qu'ils s'en sortent, sans toi ? Ils sont grands, maintenant. Ils peuvent s'en sortir. Sans toi.

Sale. Sale ? Les gens n'ont pas idée d'à quel point tu peux être sale, Eri. Et tu sais très bien dans quel sens. Quand tu as pris tes cachets en avance, que tes garçons sont là et que tu te sens si forte. Tu sais bien que tout ça, c'est pas très propre.

Elle se retourne vers ce garçon à l'entente de sa question. Et ses yeux sont grand ouvert, et ses mèches blondes s'échappent du chignon mal fait, et la pâleur de sa peau ne fait que tromper les gens.


" Je n'ai jamais peur de me salir, ne t'en fais pas. Puis, ça serait dommage de le perdre. Et même pour mon livre. Tu n'arrives pas à survivre longtemps quand t'as des organes vitaux en moins, pas vrai ? "


Fais pas semblant, Eri. Fais pas semblant d'être courageuse. D'être pure. T'es qu'une trouillarde aux mains sales. Alors assumes.

Quand tu passes, les infirmières te regardent bizarrement. C'est comme ça, quand on sort pas de sa chambre sauf pour essayer de s'enfuir. Mais elle fait pas attention. Elle s'en fiche. Elle est en pleine chasse, elle a pas le temps d'aller se balader sur Terre.

Elle parade, le livre ouvert entre ses mains comme une carte aux trésors. Ses yeux bleus bougent dans tous les sens. Elle se rapproche d'un premier banc, vérifie en dessous, au dessus, sur les côtés.


" Quand Raphaël a rencontré l'antiquaire, il ne pensait qu'à mourir. Cette scène de rencontre, c'est la plus importante. C'est en même temps la fin et le début d'une histoire. La fin et le début d'une autre fin. Le contrat avec le diable. "


Elle cherche, elle s'écorche les genoux, elle se décoiffe les cheveux. Un petit morceau de papier froissé sous la poubelle. Elle le récupère, l'aplatit et ne peut retenir un petit sourire quand elle voit que c'est la scène qu'elle cherchait.


" C'est magique. Oh. Tu disais tout à l'heure que tu ne volerais pas ce que tu ne comprends pas. Tu ne comprends pas les livres ? Tu n'aimes pas lire ? Mais t'es qui, en fait ? "


Non Eri. Ce n'est pas comme ça que l'on parle aux gens. Fais preuve d'un peu plus de courtoisie. Elle se tait un instant, comme si elle s'était mordue la langue. Elle reprends.


" Pardon. Je voulais dire ... Je ne connais même pas ton prénom. Moi, c'est Eri, mais tu l'as déjà lu, pas vrai ? "


Bien rattrapé, Eri. Tu aurais put éviter ça mais au moins, tu t'es excusée, c'est déjà ça. Elle détournes le regard un instant. Quelque chose semble l'attirer. Oh. Un petit papier brille sous une chaise plus loin. Elle se jette presque dessus.


" J'ai trouvé la capote ! "


On la regarde, on fronce les sourcils, on s'indigne mais Eri a l'air bien trop heureuse. Elle trottine en revenant vers ce garçon. C'était son préservatif avec une phrase drôle écrite en noir sur l'emballage blanc "Do you want to see my Big Ben ?" et un dessin de l'horloge british déformée pour donner l'illusion d'un pénis.


" C'est drôle, tu trouves pas, haha ! Tu voies, ça insinue que le garçon a un pénis aussi grand qu'un monument, c'est marrant, haha ! "


L'humour d'Eri, un mythe.




by tris
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyLun 26 Juin - 18:36

Loup, même en dehors d'un hôpital, il fait un excellent visiteur. Celui qui traîne la patte quelque part, coincé entre les inconnus trop curieux, près du mur ou tout au bout du groupe, à avancer à son rythme, à prendre le temps de regarder, d'écouter... Sans élever la voix jamais. Il est juste là Loup, poings dans les poches, à se sauvegarder lui-même sans réellement prendre en compte ce qui se passe autour. C'est une attitude très égoïste pour les humains, ça oui. Mais chez les animaux, on appelle ça l'instinct de conservation, alors il se dit parfois que c'est seulement ça. Que c'est pas un problème de sa part...

Alors pour le coup, il entend d'une oreille distrait les propos de la fille pale au corps léger (trop léger). Elle raconte des histoires, des litanies qui n'ont pas vraiment de sens pour lui. Peut-être même qu'elle destine pas réellement ses mots à Loup, qu'elle parle simplement parce que ça fait du bien d'en être capable, même si y a personne pour y faire attention. Parce que Loup là, il entend, mais il écoute pas. Il serait incapable de citer sa dernière phrase, jusqu'à ce qu'elle s'abaisse à genoux devant une poubelle et tire la parcelle de trésor jusqu'à elle. Le manuscrit scintille entre ses doigts joueurs, délicats et insolents.

"J'y comprends pas grand-chose aux bouquins. Je lis jamais."

Pas parce qu'il sait pas lire... Ce serait quand même la honte. Mais parce qu'il cherche pas à donner sa chance aux écrits, sa chance à une autre forme de vie. Mais c'est pas le cas de la gamine, qui fait Eh t'es qui toi? Comment qu'tu t'appelles? Qu'elle dit. Bah oui, c'est vrai que dans les relations humaines, l'un des premiers réflexes qu'on a, c'est de se présenter, donner un premier indice de la personne qu'on est.
Soudain elle fait mine de rattraper ses mots, comme si elle avait fait une erreur. C'est pas l'avis de Loup. Des types qui le hèlent dans la rue, qui lui attrapent l'épaule en cours de route pour lui crier Ton nom ! y en a des tas. Alors non, ça lui a pas paru rude du tout comme manière de faire avancer les choses. Les paroles rugueuses et pleines d'aspérités, Loup connait. C'est plutôt la douceur qui pourrait lui faire peur.

"J'ai lu Eri, j'pensais pas que ça serait vraiment toi, mais c'est ok. Moi c'est Loup, voilà."

Une manière presque impersonnelle de délivrer son nom, m'enfin, c'est ça que d'être Loup. C'est s'en ficher et croquer seulement. Là il l'a pas encore fait, mais c'est qu'une question de temps. De temps... et d'autres choses.
Comme le porte bonheur qui brille de mille feux.

"Ça m'étonne qu'il s'en soit pas servie, d'la capote. S'il était vraiment si fier... Hm. Tu penses que tu vas l'utiliser avec quelqu'un, un jour?"

Non, ça n'a rien à voir avec une proposition déguisée.
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyJeu 29 Juin - 22:30





Tigre de papier

Eri & Loup



Les livres, c'est pas dangereux. Les livres, ça ne te fait pas tomber malade. Les livres, ça ne te juge pas. Les livres, c'est ton refuge. Quand tu ne sais pas, tu lis un livre. Quand tu ne veux pas savoir, tu lis un livre. Toute ta vie, t'as choisis de te cacher derrière les bouquins et les pilules. Puis maintenant, t'as plus qu'un des deux. Combien de temps tu vas continuer comme ça, Eri ?

L. O. U. P. Juste Loup. C'était son vrai prénom ? Loup. C'était bizarre. Mais Eri, elle aimait bien, les choses bizarres. Loup. Comme Louis ? Loup comme le Grand Méchant Loup ? Ça lui allait bien, cette image. Mais de ce cas-là, elle était la petite brebis égarée prête à se faire croquer ? Elle trouvait que cela avait quelque chose d'excitant.


" Loup. Enchanté. Loup. Louuup. Comme le Loup ? Louuuuu' ... ragan. (L'ouragan). Tu as les yeux comme des éclairs. Tu es le Grand Méchant Loup. Ou plutôt, le Grand Gentil Loup. "


Son rire d'enfant. As-tu réellement grandi, Eri ? Après tout, ton corps est si maigre. Ta silhouette si menue. Les gens ont peur de te casser, Eri. Et ton coeur ? Personne ne veut toucher à ton coeur Eri. Parce qu'ils ont peur de te briser. Au fond, t'es toujours une enfant, pas vrai ?

Heureusement que personne n'a touché à ton préservatif, Eri. Même si Ethan en a d'autre, celui-là est spécial, c'est ça ? Elle le range dans sa poche, bien à l'abri. Ses grands yeux se posent sur Loup.


" Si je compte l'utiliser ? Oh. Faudrait que les gens aient le courage de me toucher pour ça." Elle murmure. " Ils ont tous peur de moi, j'te jure. "


Continue de te moquer, Eri. Tu sais au fond de toi que ça fait mal. "Je baise pas les cadavres" qu'ils disent. "Quand je t'enlace, ça me fait mal" qu'ils disent. Tu es triste, toi. Parce que tout ce que tu veux, c'est un peu de compagnie.


" Peut être qu'un jour, je tomberais sur un Nécrophile qui appréciera d'me baiser si j'fais semblant d'être morte. T'façon, ça sera tout comme."


Attention, Eri. Les gens n'ont pas l'habitude de ta vulgarité. Tu as déjà oublié ? Tu es une jeune fille, une petite poupée. Ne les forcent pas à te rincer la bouche avec du savon. Mais on te pardonne. On te pardonne toujours. Parce que quand on te voit, la seule chose dont on est envie, c'est de te sauver.


" Toi, tu l'as déjà fait dans l'hôpital ? Une fois, j'ai vu deux internes dans un placard. C'était amusant. Les blouses blanches ne savent vraiment pas comment faire l'amour. Ils arrivent à peine à baiser. "


Ne fais pas comme si tu t'y connaissais Eri. Enfin. Bien sûre que tu t'y connais un peu. Mais n'oublie pas. Ce n'est pas toi qui te retrouve nue à côté d'un inconnu, mais eux.





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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptySam 1 Juil - 23:24

Loup observe, contemple un peu la petite chose blanche qui vit et rit avec ou sans lui. Et Loup se demande. Est-ce que c'est le mal qui lui apporte autant de bonheur?
C'est une question à laquelle il ne trouve pas de réponse. Et il ne la posera pas à... à Eri. (Est-ce que c'est son vrai nom? Ou un surnom?) (Remarque lui il s'appelle Loup)

"Je mords vraiment. Parfois. Vraiment fort."

Poings dans les poches toujours. Gentil Loup... Non, pas à chaque fois. Aujourd'hui oui. Balzac n'avait pas l'air affreux alors Loup l'a raccompagné jusqu'à chez lui. Jusqu'à Eri. Et là ils sont à la recherche des membres perdus par le livre, grimoire sacré à la capote dessinée. (Au fond c'est peut-être rien qu'une farce de Eri, rien n'est moins sûr)

"C'est des charognes les loups? J'crois bien. Ça me dérangerait pas d'essayer."

Il sait que des gens ont vomis en essayant de faire l'amour à des filles trop maigres, parce que ces mêmes gens ont eu l'impression d'embrasser des cadavres. L'idée morbide qu'un corps si rachitique que celui de Eri l'albâtre puisse émettre des râles de plaisir lui provoque un sentiment pour le moins étrange. Mais pas forcément déplaisant. Eri, elle a l'air innocente, candide. Mais il croit pas qu'elle le soit vraiment, en réalité. Souvent, c'est même les personnes qui se montrent les plus naïves qui sont en fait les plus tordues. Bon, Loup il est personne pour affirmer quoi que ce soit, mais ça a fait ses preuves.

"Tu les as regardés faire avant de partir? Je serais resté."

C'est bizarre... Sur le visage de l'animal, il n'y a pas beaucoup d'expression. Loup, il se montre pas très changeant du faciès, ce matin. Est-ce qu'il se fait garçon aseptisé pour éviter d'être infecté par la fille contagieuse (pas dans ce sens-là !)? Oui, c'est possible. Ou bien c'est juste que Loup il a faim.

"Si on arrive à retrouver toutes les pages manquantes, tu voudras qu'on aille se cloitrer dans un placard aussi?"

Loup la rigolade.
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 2 Juil - 22:37





Tigre de papier

Eri & Loup



Eri aimait regarder les gens faire l'amour. Les gens trouvaient ça bizarre. Mais Eri aimait ça. Elle aimait le fait que deux corps s'unissent dans une danse sensuelle et passionnelle. La chaleur qui les entoure, un souffle saccadé poussé à l'unisson, plus qu'une connexion, une véritable fusion.

Il y avait quelque chose de différent entre faire l'amour et baiser. Baiser n'était que pur désir, sans cette présence de sentiments forts. Juste du Sexe. Dans son état le plus bestial. Eri préférait voir les gens faire l'amour. C'était bien plus intense que juste deux personnes qui baisent.

Eri dépose son regard sur le petit Loup. Mais elle ne dit rien. Après tout, ils disent tous ça, au début. Mais le prédateur ne se contente jamais des restes de carcasse.


" Tu risques de te casser les crocs si tu essaies de me mordre, Grand Gentil Loup. Puis, ton festin serait de courte durée."


Tu as cette étincelle étrange quand tu parles de ton corps, Eri. Un mélange entre la satisfaction et le dégoût. Tu aimes te détester, pas vrai ? Tu aimes haïr ce corps que t'as donné Dieu, préserver cette apparence de cadavre. Ou te croies-tu seulement incapable d'exister autrement ? Tu es malade, Eri.

Regarde ce jeune homme. Ce jeune animal. Loup. Tu aimerais bien jeter un œil, n'est-ce pas ? Le corps des Humains, ça t'a toujours fasciné. Mais parfois, tu es peut être allé un peu trop loin dans ta curiosité. Tu ne croies pas ?


" Mais je suis restée. Ca n'a pas duré longtemps. Trois coups de reins, un grognement vulgaire, et ce petit gémissement aiguë désagréable puis c'était finit. Elle n'a même pas dut jouir. Elle a remonté sa culotte en coton, il a fait un double nœud à sa capote toute gluante puis il lui a tapé les fesses comme si elle avait été le meilleur coup du millénaire. J'ai épié des parties de baise plus trépidantes que celle-ci. "


Elle hausse les épaules. Elle avait beau jugé, elle pouvait comprendre. Les blouses blanches passent leurs vies à construire un empire dans lequel ils seront vus comme des divinités. Ils n'ont pas le temps pour la passion brutale et dévorante. Ils ont juste besoin d'un petit coup de temps en temps. Mais toi, tu ne veux pas ça, Eri. Toi, tu veux qu'on te saute, qu'on te baise avec le désir qui crève les yeux, qu'on grogne ton nom, et pourquoi pas, qu'on te fasse l'amour avec passion. Tu peux continuer de rêver, Eri. Avec un peu de chance, ça arrivera.

Il te propose de finir dans le placard si vous trouvez toutes les pages manquantes. Tu le regardes. Puis tu imagines. Lui. Toi. Et son corps vivant qui réchauffe ta peau gelée. Et sa respiration saccadée qui siffle dans ton oreille. Et ses vêtements qui tombent un à un. Et ce même regard impénétrable.


" Je n'arrive pas à savoir si tu plaisantes ou non. " Elle se tait. Puis sourit. Elle murmure. " Je trouve ça étrangement excitant. "


Et de nouveau son attention est capturée par autre chose. Reviens vite, naïveté, sinon les gens vont s'apercevoir qu'Eri n'est plus aussi insouciante que ça. Une autre page perdue entre deux distributeurs de chocolats. Ses yeux s'agrandissent. Elle sourit avant de se retourner vers Loup.


" Le portrait de la Femme Sans Coeur. La comtesse Foedora. Mon personnage préféré. Raphaël est fasciné par sa beauté et son élégance ... "


Eri saute sur le banc face aux distributeurs. Elle semble être en plein rêve. Elle lève légèrement les bras, ses mains toutes fines dansant gracieusement dans l'air. Son gilet glisse un instant pour laisser entrevoir son épaule frêle et maigre. Elle baisse les bras.


" Mais Foedora reste de glace. Et Raphaël tombe en dépression. " Elle remonte la manche de son gilet en soupirant. " Les Hommes sont si faibles quand il s'agit d'amour. Même si, dans le cas présent, j'ai plutôt eut l'impression que c'était une simple excuse. Foedora ou une autre, peu importe. Il voulait juste un trophée à exhiber. Le plus beau des trophées, évidemment. "


Elle se glisser sur le banc pour s’asseoir. Eri a parfois cette profonde mélancolie dans le regard. Mais cela ne dure qu'un instant. Sa candeur revient alors, comme si cette aspect fragile de sa personnalité n'avait jamais existé.


" Est-ce que tous les hommes sont comme ça, Loup ? Est-ce que les apparences vous sont si importantes ? "    



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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyLun 3 Juil - 16:27

Il y a une certaine laideur dans la façon de raconter l'"autre tentative" de faire l'amour.
Une partie de baise.
Les gestes peuvent se targuer d'être les mêmes. Sans le sentiment d'amour (véritable noblesse de la chose) ce ne sont plus que des cabrioles dans les draps. Au moins si l'acte était contagieux, mais, d'après la blanche, ça n'avait pas été le cas. Peut-être que les docteurs sont meilleurs pour extraire des enfants de l'antre de leur maman plutôt que pour y rentrer avec délicatesse.
Tiens, est-ce que Loup pourrait se laisser aller pour un simple jeu de jambes en l'air? Probablement, oui. (Dire le contraire serait mentir) Il reste un être humain de type masculin qui a des envies, après tout. Dire Non, ce serait vraiment trop mentir.

"Peut-être que je ne plaisante pas."

Difficile à dire en tout cas, puisque Loup ne la regarde pas. La vérité se lit dans les yeux, alors si on ne les voit pas, il faudra tourner la tête vers soi.
Remarque, quand Eri se dirige vers les vomisseuses de friandises (boites énormes desquelles il n'a pas su récupérer une boite de chocolat, une fois), il n'y a plus besoin de lire le regard; elle est déjà passé à autre chose. Autant l'attention de l'un que de l'autre est peu aisée à attraper, semble-t-il. De plus en plus, Loup se dit qu'être seul reviendrait pratiquement au même résultat. Il serait là dans le corridor, les mains qui tripotent nerveusement le fond de ses poches, à errer ici et là, à la recherche des déchets du couloir. Que Eri soit là ou pas, finalement...

"Femme Chocolat, je dirais."

(Les vomisseuses de friandises)

Pour la première fois, Loup se surprend à observer Eri. Pour de vrai. Pas comme tout à l'heure où il a simplement été surpris de voir la maigreur d'un corps. Là, il la regarde vraiment. Il peut voir son épaule qui se découvre un peu, son gilet qui est remit aussitôt, puis aussi la finesse d'un visage. Au-delà d'une peau trop proche des os, Loup peut comprendre la forme d'un faciès dessiné avec justesse et douceur. Il entend aussi une voix qui s'accorde à une telle sculpture anatomique, et ça fait sens. Oui, si on devait lui demander avec toute l'humilité du monde, Loup dirait que Eri est jolie.
Mais ce n'est pas la beauté sur laquelle on a envie de s'acharner pour s'obtenir un orgasme du siècle. C'est la beauté fragile et pensante avec laquelle on voudrait passer des nuits entières à parler avec sous les draps, à écouter en silence... La figure à laquelle on pense quand on voit la couleur pure du Blanc, solide et intangible à la fois.

Elle conte une fable que Loup n'entend qu'à moitié. Puis elle lui pose la question tant attendue. Que pense-t-il de cette histoire de l'attirance pour les physiques.
C'est alors qu'il vient s'asseoir près d'elle.

"J'ai pas eu à me fier à mes yeux pour venir te voir."

Haussement d'épaules, il regarde Eri. La vraie Eri, pas le corps rachitique.

"Même pour moi c'est compliqué, un peu. Je pense pas non plus que les filles veuillent m'approcher quand elles voient les sales hématomes que je me trimballe."

Les hématomes de la bagarre, quand il est pas entre les quatre murs du bâtiment blanc. Parce qu'il en a, Loup. Même qu'il ressemble à un hospitalisé à cause de ça, qu'on l'a déjà interrompu en pleine visite pour savoir s'il avait besoin d'être soigné. Et il répondait Non l'animal, parce que les vraies blessures, elles étaient au fond de lui, dans la cage thoracique où ça fait Boum Boum.

"Peut-être que les moches se comprennent entre eux, au final. Tu vois."
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyLun 3 Juil - 19:41





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Eri & Loup



Le distributeur de chocolat. Chocolat avec des noisettes. Des petits dragées de chocolats. Chocolat et Caramel. Chocolat et Beurre de cacahuètes. Chocolat et Menthe. Toi, tu n'aimes pas le chocolat. Ça te fait vomir.

Les filles qui sont là pour les mêmes raisons que toi, Eri, elles veulent être jolies. C'est pour ça qu'elles taillent leurs hanches à la hache. Mais toi, c'est pas pareil. Toi, tu ne te forces pas. C'est pas que t'aimes pas la nourriture. C'est juste que tu préfères les pilules. Qu'y-a-t-il de mal à ça ? Apparemment, beaucoup de choses sinon tu ne serais pas ici. Puis, "C'est mauvais de ne rien manger avec ton traitement". C'est vrai. T'avais oublié, ce détails. T'es plus malade que ça, au fond.

Mais toi, t'as accepté le fait que personne ne te regarderait jamais. Jusque là, tu te contentais de tes rêves, de tes fantasmes, des personnages de tes livres. Après tout, c'était plus facile. Puis, t'avais tes garçons aussi. Ils s'occupaient bien de toi quand tu te sentais triste. Et même si tu sais qu'ils font ça pour être gentils, ça te fait du bien. Mais là, tout de suite, tu te sens bizarre. Loup te regarde et ça te fait bizarre. C'est comme une aiguille longue et fine qui te transperce le corps. C'est étrange. Mais tu as envie qu'elle s'enfonce un peu plus. Encore. Encore. Ne détache pas ton regard, Loup.

Quand tes grands yeux fixent les gens, ils ont l'habitude d'être mal à l'aise. Ils détournent le regard. Pourquoi tu ne détournes pas le regard, Loup ? Peut être tout simplement parce que tu n'es pas comme tous les autres, après tout. Il s'assoit près d'elle. Elle bat des cils un instant.


" C'est vrai. Mais est-ce que tu aurais eut le courage de venir toquer en toute connaissance de cause ? Tu me donnes envie de croire que oui. "


Elle sourit du coin des lèvres. Puis elle l'écoute. Alors comme ça, lui aussi, il a des problèmes avec les gens ? Ne sois pas si naïve, Eri. Bien sûre qu'il en a. Tout le monde a des problèmes, après tout. Et elle continue de le regarder, de regarder son visage d'être vivant. Elle imagine des tâches bleues. Et du sang bien rouge qui coule doucement d'entre ses lèvres fines. Puis ses doigts commencent à bouger tous seuls. Ils viennent frôler ce visage vierge, tracer des blessures imaginaires au coin des yeux, des lèvres. Puis finalement, sa main froide se dépose délicatement sur sa joue.


" Les filles ne savent pas ce qu'elles ratent. "


Un murmure. Puis Eri reste à contempler ce visage un instant de plus avant de se figer. Elle retire sa main, l'air presque gêné. Eri, tu n'as pas écouté les consignes de Takumi. Tu sais pourtant à que toucher les gens sans leurs permissions, c'est mal. Elle se cache derrière ses mèches blondes. Puis finalement, elle se raccroche au regard du garçon.


" Excuse-moi. Je, enfin, mon grand frère a beau me répéter de ne pas toucher les gens, je le fais quand même, je sais pas trop pourquoi, haha. Je suis désolé, je ne recommencerai plus. Enfin, sauf si tu me le demandes. Enfin, je, bref. Pardon. "


Respire, Eri. C'était juste la joue, cette fois. C'est rien. Ça aurait put être pire, pas vrai ? Allons, allons. Puis, c'est différent des autres fois. Tu n'as pas de paillettes dans la tête. Tu n'as pas le corps tout mou. Tu en avais envie, cette fois, pas vrai ? Avoues-le.

T'aurais put parler encore plus. Même si au final, tu te serais répétée, t'aurais dit des choses maladroitement, puis ça l'aurait forcément ennuyé. Heureusement pour toi, ta montre a fait BipBip. C'est une bonne nouvelle, le BipBip, pas vrai ?

Mais tu oublies quelqu'un, Eri. Loup est là, assis sur le banc. D'habitude, tu n'as personne mais il est là. Peut être que tu pourrais essayer de lui demander tu-sais-quoi ?


" Hum. Là, c'est l'heure d'aller prendre mon médicament et, hum, il reste encore une page à retrouver et je, euh. Peut être qu'on pourrait faire une pause le temps que je prenne mon médicament et, peut être que, si t'as envie bien sûre, tu pourrais m'accompagner ? Ca prendra pas longtemps alors si tu préfères m'attendre ou, euh .. partir, tu as le droit. Mais, personnellement, j'aimerais bien que tu m'accompagnes ... si ça ne te dérange pas. "


Bon, eh bien, ça aurait put être pire. T'as essayé de faire comme Takumi t'a dit. C'est bien, Eri

   



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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyLun 3 Juil - 22:06

Pour une raison qu'il croit logique, Loup ne répond pas à la première question de Eri (en fait, peut-on réellement dire qu'il répond aux questions qu'on lui pose généralement?). Il y a bien un bref haussement des épaules, encore, mais rien qui n'indique si Oui, si Non... il serait venu. Loup pense qu'il n'y a pas besoin de répondre, que le Oui ou le Non ne conviendrait pas quoiqu'il arrive. Puisque Eri croit au Oui, Loup ne démentira pas. Il n'a tout simplement pas le droit de briser une croyance.

Puis il y a cette main froide comme le marbre qui vient souffler près de son derme, avant d'entrer pleinement en contact avec. Maintenant ! Un frisson parcours son échine, provoque une vague jusqu'au bas du dos. Très, très étrange comme sensation. Sa peau commence un peu à ressembler à celle d'un poulet. Loup il sait pas les gestes doux, il connait pas, c'est pas enregistré dans sa tête tout ça. Alors si, parfois, quand il n'y a personne pour le voir, il y a bien Mère Louve avec qui il accepte de rester blotti tout près pour avoir une proximité à long terme, la chaleur d'un autre corps contre le sien. Mais même ça, ça reste vraiment très rare. Trop peut-être, vu sa réaction face à la dextre simple de Eri.

"!"

C'est en effet sa réponse. Un ! qui se lit sur son visage, et c'est sans doute la meilleure réponse qu'il aurait pu donner. Sincère, sans parole, comme la caresse de l'ange blanc à ses côtés.
Elle s'excuse. Elle réprime le geste tendre, range les phalanges qu'elle trouve malapprises, malvenues. Eri, peut-être qu'elle sait pas l'amour doux non plus. Comme lui. De toute façon, Loup et Eri, c'est rien que des handicapés des sentiments qui ont du mal à se l'avouer, alors ils font un peu semblant. Loup il fait semblant d'être violent.

"N-non. Ça va."

"Tu peux continuer" Il dit pas ça Loup, mais il le pense. Même si cette cascade gelée soudaine sur la peau de son visage lui a causé un électrochoc, il y avait aussi cette chaleur discrète cachée quelque part derrière. Alors y a un rire nerveux, gloussement du déni qui s'échappe de ses lèvres avant de détourner des yeux. Ben oui, on est handicapé des sentiments ou on l'est pas.
En tout cas, même s'il n'est pas tout à fait blanc,
Loup a émis un rire. Et ça c'est important. Même pour lui.
Bégaiement du cœur et du corps. Les deux humains qui ne savent plus se parler ni se regarder. Loup il se sent un peu comme s'il était devant le Chaperon Rouge, mais un Chaperon Rouge qui est venu exprès lui donner la nourriture de son panier. Une nourriture meilleure que sa chair elle-même. Et comme c'est encore jamais arrivé dans les contes, les fables et les livres, le Loup on lui a pas écrit comme réagir.
C'est exactement pareil ici.

Le Bip Bip arrive jusqu'à ses oreilles.
Le Chaperon Blanc l'invite à venir.

"J'ai le droit? J'veux dire." (lui aussi il se rattrape du mieux qu'il peut) "D'habitude ils laissent pas les gens entrer."

"Et puis je servirais à rien" Il le dit pas non plus. En vrai, y a plein de choses qu'il dit pas, simplement parce que dans le fond de sa gorge il y a un sceau qui s'active dès qu'il commence à y avoir un afflux trop conséquent d'émotions, de choses pas normales que le cerveau encaisse pas (il réfléchit avec ses neurones l'animal) (le cœur est coincé entre ses os, percé par autre chose que les vaisseaux) (mais... quoi?). Alors ça se referme direct, capuchon sur le tas, couvercle sur l'assiette trop délicieuse.

"Oui. Je veux bien."

Faut se dire que plus ses phrases sont courtes, plus il pense davantage, Loup. Et enfin, tout autour de son myocarde, il y a la chaleur de la cascade qui commence doucement à pénétrer.

"On trouvera la dernière partie du trésor. C'est... c'est où pour ton...?"

"Pour ton médicament" Loup il pense à des gélules, mais c'est peut-être tout autre chose. Il sait pas, c'est pour ça qu'il tait la fin de sa phrase. Le sceau agit.
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyLun 3 Juil - 23:23





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Eri & Loup



Son visage a changé, l'espace d'un instant. Tu as vu, Eri ? Tu l'as senti, pas vrai ? Ce courant électrique, entre vous deux. Calmes ton petit coeur malade, Eri. Il risque d'exploser. Ou même pire. Loup risque de l'entendre.

C'est bizarre. La peau de Loup était toute chaude. Eri s'attendait à ce qu'elle soit dure et froide. Mais non. Elle était agréable. C'est pour ça qu'elle aimait toucher les vivants. Ils étaient chauds. Réconfortants. Et quand elle était un peu trop étourdie, elle en voulait plus, parfois trop. Et ça finissait mal, en général.

Il rit. C'est bizarre. Elle trouve ça attendrissant. Continues de rire, Loup. C'est joli, ce petit son qui sort de sa bouche. Et quand ton visage fait cette tête. C'est beau. Une partie d'Eri a envie de voir ce visage souriant avec de jolies couleurs bleues. Mais Takumi dit que c'est mal. Sauf qu'Eri, elle adore ça. Elle adore ça quand le visage est plein de couleurs différentes. Quand ça saigne, quand ça gonfle, quand ça rougit. Elle veut embrasser les bleues, lécher le sang, mordre les entailles. Eri, elle adore ça.

Elle n'arrive pas à le regarder tout de suite. Il accepte de l'accompagner. Elle se racle la gorge avant de répondre.


" Dans mon service, y'a pas vraiment besoin de ça. T'auras qu'à m'attendre sur le côté, tu verras. "


Tu te souviens de ce que tu as dit, Eri ? "Je ne suis pas folle" ? Oui, c'est vrai. Mais dès que tu dis que tu es au service de psychiatrie, tout de suite, ça change de ton, de regard. Ils sont obligés de te mettre là, à cause de tu-sais-quoi. Ne fais pas l'innocente. Tu sais très bien pourquoi.

Tu as envie de recommencer, pas vrai ? De toucher sa peau. Encore. Encore. Et encore. Peut être même à cet endroit, ou encore cet endroit. Mais qu'est-ce qu'il t'arrive Eri ? Tu n'as même pas prit tes cachets. C'est à cause de ce problème, là ? Tu penses ? Pourtant, ça n'arrive qu'avec tes pilules colorées. Tu penses que ça peut faire pareil sur les gens ?

Il cherche ses mots. Ca ne veut pas sortir ? Elle sourit. Elle aussi, elle a du mal avec ce mot, parfois. Médicament. C'est un peu moche, comme appellation. Mais c'est comme ça.


" Mon médicament. C'est par là, viens. "


C'est naturel. Elle lui attrape la manche. Et c'est naturel. Elle le traîne de couloirs en couloirs. Puis finalement, la fenêtre magique est là. Les yeux d'Eri pétillent. Enfin. Elle va être soulagée. Elle lâche doucement la manche (Non, encore dix minutes) et se retourne vers le garçon.


" J'en ai pas pour longtemps. Restes là. Euh. S'il te plait. "


Elle se racle la gorge et sautille presque jusqu'à la fenêtre magique. La petite fenêtre avec la blouse blanche qui sait tout. Eri Alice. Une petite pilule verte pour le vilain sac d'os. Un petit comprimé blanc parce que tu aimes trop te détruire. Et enfin. La pilule bleue. Celle avec un goût de myrtille. Celle que tu préfères. Tu les avales, sans même toucher au verre d'eau que te tends la blouse blanche. Puis tu ouvres grand la bouche en tirant la langue. Petite croix sur la feuille et le plaisir est terminé.

Ca n'a pas duré mais Eri est pétillante. Ses yeux brillent tellement fort qu'on ne les voit presque plus. Elle revient vers Loup et son visage est satisfait. Comme si elle avait accomplit de grande chose. Elle en pleurerait presque.


" C'est mon moment préféré de la journée. Je suis contente que tu soies là avec moi pour en profiter. Oh. C'était un peu déplacé, non ? C'est pas grave. Je ne regrette pas de l'avoir dit ! On se remets en chasse ? Puis si on trouve la dernière page, on verra bien comment fêter ça. "


Eri. Tu ne te rends pas compte de l'impact de tes paroles mais ça ne te dérange pas. Après tout, la pilule bleue a un goût de myrtille.    



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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyMar 4 Juil - 14:41

Peau de Loup, Peau de Chagrin.
Au final le livre mystère les rapproche.
À aucun moment la coïncidence ne l'effleure; il n'y a que la caresse de l'ange.

Loup opine, sans mot. Il n'y en a pas besoin. Attendre sur le côté, Loup sait le faire, ça. Contrairement à plein d'autres choses un peu plus conceptuelles, attendre, ça, il sait. Il a l'habitude maintenant. Il le faisait déjà avant de rencontrer Eri et ses drôles de fables. Et il continuera de le faire.

Manche de tee-shirt tirée vers d'autres contrées, l'animal se fait emporter par un ouragan plus petit que lui. Et il se laisse faire, laisse les jambes dire Oui allons-y et aller à la suite de la fille de l'air. Ses yeux ont à peine le temps de voir défiler les grandes vitres partageant les chambres; le voyage est de courte durée. Les voilà arrivés devant la porte magique qui redonne la vie au visage d'albâtre féminin. Et Loup ça l'étonne un peu. Jamais il n'a vu de patient apprécier son traitement, apprécier avaler les pilules de la mort lente. Alors si Eri réagit gaiment comme ça, c'est que c'est pas si grave? C'est qu'à part un corps un peu frêle, un peu léger, c'est pas si grave...?
Un croc et elle tombe en morceaux.

"Je suis là. T'inquiète pas."

Il partira pas. Rester, c'est une de ses plus grandes qualités, à Loup. Il a beau faire les cents pas et imiter le lion en cage, il reste Loup qui s'éteindra en même temps que l'être aimé. Alors on lui dira sans doute qu'il se gâche un peu trop la vie à rester près des électrons malades, à s'imprégner de leurs maux. Et c'est vrai, Loup il va pas démentir. Au même rythme que les blessés ici, sa santé, ça fait longtemps qu'elle a aussi périclité. Même si y a toujours la vigueur de la jeunesse dans ses veines, la force de caractère et la solidité du corps, il reste un endroit où la chair est fanée. Un seul endroit.
Pendant le fil de ses pensées, Eri réapparait.

Loup il a envie de demander ce qui s'est passé à l'intérieur, pour qu'elle ressorte avec la quiétude sur l'expression. C'était vraiment si bien que ça?

"Le premier qui trouve, choisit. Ok?"

Sourire sourire, ça y est ! Le Loup est content. Un peu. Y a aucune arrière pensée, c'est vraiment d'une voix blanche qu'il dit ça. Pour une fois qu'il le dit. Loup il veut bien jouer, pour de vrai. Il veut bien participer, plutôt que d'observer. Des cachettes dans ce bloc, il y en a plein, partout. C'est peut-être même dans les chambres ! Tout à coup Loup il se met à penser à toutes les petites zones d'ombre du bâtiment, à tous les coins où une pièce pourrait briller.
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyMar 4 Juil - 22:22





Tigre de papier

Eri & Loup



Les enfants n'aiment pas les médicaments. Ils trouvaient ça trop amer, trop difficile à ingurgiter. Eri a toujours aimé les pilules. Depuis qu'elle est toute petite, on lui en donne pour tout et n'importe quoi. Les autres gamins, ils avaient besoin qu'elles soient aromatisées, goût fraise de préférence. Il fallait que ce soit facile à avaler, pas d'arrière goût, une jolie couleur. Mais Eri n'était pas aussi difficile. Même le petit cachet blanc amer, elle aimait ça. Et les autres enfants trouvaient ça bizarre.

Pourtant, durant son adolescence, le peu de temps où elle a été en contact avec des jeunes de son âge, ils n'étaient pas contre de petites pilules de toutes les couleurs. Et plus ça les flinguait, mieux c'était, n'est-ce pas ? Il voulait toutes sortes de psychotropes pour avoir l'impression de planer. Et ça, Eri, elle en avait plein les poches. Du coup, les gens venaient la voir pour ça. Puis c'est comme ça qu'on a commencé à l'appeler "La Pharmacie". Et Eri, elle avait l'impression d'avoir des amis, comme ça. Mais dès qu'elle avait les poches vides, y'avait plus personne.

Loup avait l'air plus vivant depuis qu'elle était revenue. Plus joueur ? Choisir la récompense ? Ca pétille des les pupilles d'Eri. Elle aime ça, jouer. Elle parait plus espiègle, elle le regarde dans les yeux.


" Fais attention, mon petit Loup. Je connais cet hôpital comme ma poche, je suis née et j'y ai passé mon enfance ! Prépares toi à perdre."


Dis donc, Eri. Tu as l'esprit de compétition, parfois ? Apparemment, oui. Elle retrousse les manches de son gilet et détache ses cheveux un instant pour refaire sa queue de cheval. Tu as toujours l'air plus énergique, grâce à la pilule bleue. Même si ça ne dure jamais très longtemps. Comment feras-tu quand tu trouveras ton nécrophile pour lui faire l'amour toute la nuit ? Oh, c'est vrai, t'auras juste à faire la morte, c'est pratique.

Tu trottines, tu te baisses, tu t'écorches les genoux, tu cours dans tous les sens (tu te reçois les regards noirs des blouses blanches), tu fais même pas attention à ton souffle fragile, t'as juste l'air de t'amuser. Tu fouilles dans les poubelles. Il faut retrouver la mort de Raphaël.

De temps à autre, elle regarde Loup du coin de l'oeil. Elle repense à sa peau. Cette chaleur. Et l'image des bleus sur son visage. Elle en frissonnerait presque. Elle continue ses recherches dans les couloirs, se retournant parfois vers le garçon avant de finalement lui parler.


" Hum. Tu as une idée de la récompense que tu choisiras si tu trouves la page ? J'ai plein de bonbons dans ma chambre. Mes colocataires aiment bien m'en apporter quand ils viennent me rendre visite. Ils prennent ceux avec le papier qui brille, c'est trop joli, haha. "


Colocataires. Quel bien grand mot. T'as beau jouer les naïves, tu sais que c'est pas super légal, le proxénétisme, n'est-ce pas ? Et dire que tu l'as même pas dit à Takumi. Pour ton gentil grand frère (gentil grand frère qui pourrait quand même te mettre en taule) tu travailles dans une boite événementielle. C'est pratique, comme couverture. Surtout quand tu dois montrer tes petits garçons aux demoiselles plus si fraîches que ça. Mais bon. Colocataires, c'est mieux que gigolos, après tout.


" Ou peut être que tu voudras manger ... autre chose ? "


Tu le regardes un instant. Fais attention Eri, on peut voir ce petit rictus coquin. Un peu plus et ton masque de pureté risque de tomber en morceaux. Gares à toi, Eri. Les poupées, ça ne joue pas les dévergondées.
     



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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyJeu 6 Juil - 23:18

Il y a quelque chose d'affreusement triste dans les paroles de Eri. "je suis née et j'y ai passé mon enfance" N'importe qui aurait trouvé ça mignon, placé dans un bon contexte, dans un endroit joli... Mais là, on parle d'un bloc qui accueille les malades et les écorchés. Un bloc. Celui de Eri.
Loup ne peut pas participer à son entrain. Pas cette fois.

Mais elle a déjà fui derrière les armoires, l'enfant du vent. Sous les chaises et entre deux brancards, à la recherche de son Mistral Gagnant. Loup aussi il s'active (il retrousserait bien ses manches si elles était pas taillés si courtes), commence à écarter les objets sur son chemin, à pousser des portes (pas les gens), fouiller les coins d'ombre. Il met pas tout en l'air comme on pourrait le penser d'une chasse au trésor ; Loup il fait ça proprement, sans doute influencé par le lieu trop ordonné, trop aseptisé. Oh il sent bien les regards qui brûlent sa nuque, ceux qui disent Tu t'crois où gamin ? Oui mais Loup il ignore, il rend à peine les yeux accusateurs qu'on lui lance parce que de toute façon Merde quoi, c'est un jeu.
Quelques fois il fait attention à vérifier que Eri n'ait pas déjà trouvé (qu'il se perde pas pour rien oh).
Apparemment ce n'est pas le cas,

"Ils prennent ceux avec le papier qui brille, c'est trop joli, haha."

Loup tend l'oreille.

"J'aime pas les bonbons. Surtout ceux qui piquent."

Il préfère les choses plus douces, comme... comme le chocolat par exemple. Ou bien les petites billes de toutes les couleurs, un peu acides mais qui fondent en sucre dès qu'on croque dedans. Et ça colle aux dents. Loup il aime bien cette sensation de bouche souillée par la colle à confiserie.
Et il se doute pas de ce que fait Eri avec ses bonbons à elle.

Puis la question à double sens. Bien sûr, il y a pensé aussi.
Loup jauge Eri un instant, comme on examine un prochain repas.

"... J'aurai pas grand-chose à dévorer de toute façon. C'est toi qui me l'a dit."

Le sourire qui tire, renvoie sa projection au jumeau. Ben oui, même s'il en donne pas l'impression, Loup il entend ce qu'on lui dit, il écoute même ! Et ça, il l'a gardé en mémoire. Les corps qu'on ne peut pas croquer.

"J'ai rien sur moi. Enfin c'est que des trucs pas intéressants, des miettes t'en veux pas. Puis des tickets de métro non plus. Ah, j'ai été assez réglo ces temps-ci, tiens..."

Remarque pour lui-même, hé. Loup il est plutôt le garçon qui passe par-dessus les bornes et nargue les contrôleurs.

"On pourra lire des histoires si tu veux. Les histoires qu'on est en train de chercher partout." (ah, silence) "J'espère que la dernière partie en vaut la peine." Oui, et si c'était la page des remerciements spéciaux ? "Mm, y a un truc qui brille là-derrière."

Mais est-ce le bon truc ??
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 9 Juil - 0:15





Tigre de papier

Eri & Loup



Parfois, Eri se demandait ce qu'aurait donné sa vie si elle avait été comme tout le monde. Si elle avait eut un corps normal, un esprit normal, une santé normale. Est-ce qu'elle se serait fait des amis à l'école ? Est-ce qu'elle serait à la fac en ce moment ? Est-ce qu'elle serait plus proche de sa mère ? De son père ? Est-ce que Takumi aurait été si présent ? Est-ce que Oliver serait parti ? Est-ce qu'elle aurait envie de devenir celle qu'elle est aujourd'hui ?

Toi, tu étais la petite fille en pyjama qui s'échappait de sa chambre d'hôpital pour courir dans les couloirs en te prenant pour un avion. Toi, tu étais la petite fille qu'on grondait parce qu'elle avait prit son médicament trop vite, au risque de s'étouffer. Toi, tu étais la gamine qui ne mangeait que les bonbons en forme de pilules que les autres détestaient. Toi, tu étais celle qui souriait jusqu'aux oreilles quand elle voyait du sang bien rouge. Toi, tu étais celle qui pouvait être tactile et pourtant si timide à la fois. Toi, tu es un modèle unique. Penser à un futur alternatif dans lequel tu n'es pas toi ne changera rien à ce que tu es réellement.

Loup n'aime pas les bonbons qui piquent. Peut être que pour un garçon qui a mal, manger des petites douceurs qui caressent la langue, c'était plus agréable. Quelque part, t'avais envie d'être ce petit morceau de chocolat qui apaiserait les esprits. Peut être qu'un jour, tu le seras pour quelqu'un, qui sait.


" Je mange pas les bonbons qu'ils me rapportent. Je les donne aux autres mais je garde le papier qui brille. Moi, je préfère les petites pilules toutes fraîches. Ça me donne l'impression d'avoir de l'énergie, haha. Mais les blouses blanches me laissent pas en manger. Ils disent que c'est mauvaise pour moi. "


Tu ne lui as pas encore dit, pas vrai ? Pourquoi tu es ici. Bien sûre, il y a la pilule bleue. Bien sûre, il y a ton petit corps de squelette. Mais il y a aussi cette raison. Et toi, t'arrêtes pas de dire que quand on est malade, on prends des médicaments. Après tout, c'est comme ça qu'on t'a élevé. Mais Eri, toi, tu cherches même pas à aller mieux.

Elle regarde Loup puis pouffe de rire. Fais attention Eri, tes joues commencent à changer de couleur. Tu n'as pas l'habitude, pas vrai ? Qu'on fasse attention à ce que tu dis. Mais prends garde, Eri. Toi, tu es une brebis affamée. Et lui, c'est un Loup.


" Certes. Mais sous cette ossature se cache la partie la plus tendre de l'animal. C'est aussi celle qui saigne le plus quand on ne sait pas comment la manger. "


Elle dépose ses mains sur sa poitrine et mime les battements du coeurs. Badoum. Badoum. Badoum. Son regard de crystal le mets au défis. Croque mon coeur, si tu l'oses. Elle sourit quand il lui énumère le contenu de ses poches.


" Ne t'en fais pas. Je sais déjà ce que je veux comme récompense. "


Un dernier sourire et elle disparaît de nouveau pour se plonger dans ses recherches. Tu aimes jouer les mystérieuses, n'est-ce pas, Eri ? Elle écoute d'une oreille les dernières paroles de Loup avant de répondre.


" La dernière page, c'est quand la Peau de Chagrin s'effrite et que Raphaël meurt. Le clou du spectacle. "


Eri n'aime pas parler de la Mort. Ou plutôt, elle aime jouer les filles qui s'en moquent, les filles qui jouent avec la Faucheuse, cette tentatrice qu'elle appelle son amie. Mais la réalité est tout autre. Le fait est que Eri a peur de mourir. Et selon les blouses blanches, c'est à cause de ça qu'elle est ici.

Un truc qui brille ? Eri aime quand ça brille. Quand ça brille, c'est beau, c'est vivant, c'est tout ce qu'elle n'est pas. Elle se rapproche de Loup, le regard intéressé.


" Ça brille ? Qu'est-ce que c'est ? Montre ! "


Au fond, elle espérait que Loup perde le jeu. Faites que cette chose brillante qu'un papier de bonbon ...
     



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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 9 Juil - 2:09

Nous avons tendance à oublier un facteur élémentaire lorsqu'il s'agit de guérir, ou de ne pas guérir. C'est d'être en accord avec soi-même. Exactement comme pour l'effet Placebo, c'est ça ? Quand tout petit déjà ils donnent la cuillère avec de l'eau sucrée dedans, et qu'ils disent "Grâce à la cuillère magique tu vas guérir !" et puis ça marche. Ça marche, parce que "Tu vas guérir".

C'est très mental la guérison, ça, Loup le sait. Et c'est peut-être paradoxalement la raison pour laquelle il ne se soigne pas. Parce qu'au plus profond de lui, il ne veut pas. Lui non plus. Alors au lieu de ça il ne fait qu'apposer des baumes provisoires, quelques douceurs en chocolat qui repeignent les murs lorsqu'ils commencent à s'effriter et à montrer leurs vraies couleurs. Loup le déni.

Eri aussi, elle joue beaucoup avec les impressions. Peut-être qu'elle sait que ça ne fonctionne pas ? Ou au contraire, ça marche du tonnerre parce qu'elle se dit Eurêka !, comme la cuillère magique.

Il ne perd pas de ses couleurs, répond sur la même verve que tantôt. Loup n'est pas un garçon spécialement communicatif du visage, et on a plutôt tendance à penser qu'il s'ennuie ou qu'il est triste, contrarié, en colère... Non, les animaux n'ont pas besoin de ça. Les gestes sont bien plus importants et ne mentent pas, contrairement aux mots.

"Les blouses blanches. C'est généralement elles qui conduisent aux gélules à avaler à foison."

Du coup, ça fait un peu tilt. Si on interdit à Eri de prendre ses médicaments, ce doit être parce que... ce ne sont pas des médicaments ??

Loup refoule les interrogations en forçant son corps à agir plus que sa pensée (l'auto influence), comme ça il ne réfléchit pas. Réfléchir ça a tendance à lui dévorer la chair interne, c'est mauvais. Et y a pas de médicaments contre ça. Enfin, à part ceux de Eri. Mais eux on n'a pas le droit de les prendre.

La Femme Chocolat Blanc évoque le cœur du problème, au sens propre... comme au sens figuré. Elle imite le Boum Boum insolite de la pompe cardiaque, rassemble ses mains sur sa poitrine en une prière. C'est vrai que ça lui va bien, le silence. Quand elle referme ses lèvres et que son sourire étrange et languissant travaille son visage de poupée de cire. Comme ça, elle a l'air sage. Prête à tout donner au bon dieu. Et puis ses parures blanches, blanches comme sa peau, comme ses cheveux. Blanches comme elle.
Pendant une seconde Loup se surprend à penser à tout ça.
L'auto influence a échoué,
et voilà qu'il ne sait plus quoi lui répondre.

(Est-ce que c'est ça, blesser...?)

Le papier brillant rouge satiné produit son bruit de Cric crac exquis d'emballage. Les couleurs changent un peu sous les reflets des néons, c'est joli. Est-ce que c'est le genre de papier que Eri garderait sous son oreiller ? Il tire le berlingot écarlate vers lui comme la patte abrupte du carnivore rapproche les ossements de sa mâchoire terrible.

"Qui a oublié ça là ? C'est précieux, le chocolat."

Son premier réflexe serait de dérouler la friandise. Puis il se rappelle de la Femme Chocolat à qui le bonbon semble mieux correspondre. Il lui tend, l'expression simple. Bien sûr que non, Loup ne se doute pas.

"C'est pas tout à fait ce qu'on cherchait, mais ça peut toujours servir ?"
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 9 Juil - 2:56





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Eri & Loup




Le chocolat. C'était le petit plaisir des enfants. La petite douceur qui panse les blessures. Ce petit morceau de tendresse quand la solitude devenait trop présente dans une chambre d'hôpital froide et silencieuse. Ce réconfort après une journée chargée en mauvaises nouvelles. Cette récompense donnée au premier de la classe. Ce petit chocolat magique qu'une mère donnait son enfant pour le faire sourire. Mais Eri n'était pas comme les autres. Ça aurait été trop facile.

Le chocolat, ça lui faisait penser à Oliver. Oliver qui joue avec elle dans le jardin. Oliver qui l'aide à faire ses devoirs. Oliver qui l'accompagne à l'hôpital pour ses examens. Oliver qui la rassure la nuit après un cauchemar. Mais ça lui faisait aussi penser au Oliver qui passait ses mains sur les cuisses d'une mère au foyer. Oliver qui embrasse langoureusement son professeur particulier. Oliver qui couche avec son infirmière à domicile. Oliver qui ne pouvait bander tant qu'on ne lui avait pas présenté ses billets. Et ça, ça la rendait malade. A chaque fois qu'Eri mangeait du chocolat, elle appréciait le goût un instant. Mais à chaque fois qu'Eri mangeait du chocolat, elle finissait par vomir.

Il lui tends le petit morceau de chocolat. Le papier brille. C'est joli. Evidemment, l'emballage est toujours plus attirant que la vérité qui se cache en dessous. Elle sourit et prends la friandise. Elle déplie délicatement le papier brillant et glisse la douceur entre les lèvres du grand Loup, effleurant ses lèvres du bout des doigts.


" Manges, Loup. Le chocolat, j'aime bien ça mais ça me fait vomir. "


Elle sourit. Ce geste, cette attention. Ca lui donne un sourire différent. Un sourire qui dit "Merci de me porter de l'intérêt.". Un sourire tendre, un sourire sincère. Un sourire qui dégage une chaleur apaisante, car elle est elle-même apaisée. Un sourire digne d'une mort paisible.

Puis un détail attire son regard. Et voilà qu'elle s'envole de nouveau. Tu aimes, ça pas vrai, Eri ? Tu aimes papillonner, explorer le Monde, ton Monde fait de murs blanc et d'espaces stérilisés. Mais au fond, tu préfères quand même la Saleté. C'est plus proche de ta véritable nature, après tout.

Eri se glisse entre deux distributeurs. Sa silhouette est si menue que, finalement, elle n'a aucun mal à se cacher entre les grosses machines.


" Je crois que j'ai trouvé quelque chose ... Hum ... " Elle se tortille, se mets à quatre pattes pour finalement pousser un cri de joie en déboulant d'entre les boîtes métalliques " Je l'ai, je l'ai ! "


Un papier froissé et une marque de chaussure au coin de la feuille. Raphaël, ta mort n'en est que plus misérable. Elle se redresse et lit le passage silencieusement. Elle est là, au milieu du couloir, dans son bas de pyjama gris couvert de poussière, son gilet qui ne tient plus en place, ses cheveux en bataille et le papier brillant du chocolat entre les doigts. Et pourtant, elle a quelque chose de charmant. Si seulement tu n'étais pas aussi macabre, Eri.


" J'ai gagné, hihi. " Elle ricane doucement, un rire d'enfant satisfait. " Maintenant, Raphaël peut mourir en paix, entre les pages de cette Peau de Chagrin, hum ?"


Elle cale la page dans le livre, à l'emplacement qui lui appartient. Elle caresse le livre, le contemple, regarde même Loup du coin de l'oeil. Elle murmure.


" «  Si tu me possèdes, tu posséderas tout, mais ta vie m'appartiendra » ... "


Elle sourit légèrement, l'air ailleurs, puis referme le livre avant de s'approcher de Loup. Elle se mets face à lui, elle le regarde sans détourner les yeux. Elle essaie de ne pas laisser de silence gênant s'installer, bien qu'avec lui, le silence n'est qu'un prétexte pour mieux l'admirer. Observer cette bête et ses réactions. Ce Grand Méchant Loup, plutôt Gentil.


" Bon ... "


Eh bien, Eri, tu ne sais plus quoi dire, à présent ? Ça serait bien la première fois.
     



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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 9 Juil - 3:24

Ah eh bien, il a fallu qu'on lui rendre son geste, Loup.
La Femme Chocolat qui... n'aimait pas le chocolat. Soit, ça peut arriver.
"Mais pourquoi maintenant ??" Parce qu'on ne peut pas tout contrôler, Loup.

Alors le chocolat il finit entre ses crocs, fond et enrobe sa bouche de la saveur délectable du lait écrémé. Le chocolat, c'est un de ces petits plus de la vie qui a le don d'achever Loup, de l'apaiser, de taire son grognement animal et de calmer ses maux. Avec lui l'appât du chocolat fonctionne, et assez redoutablement il faut dire.
Mais peu importe ; Loup, bien avant de recevoir la gourmandise entre ses lippes, était plus ou moins déjà couché ventre à terre, donnant l'accord aux mains passagères de s'aventurer dans son pelage hirsute et noir.

Pourtant le silence de la dégustation ne l'empêche pas d'illustrer la stupeur sur son visage pâle. C'est assez rare qu'on y lise de la réelle surprise, surtout lorsque celle-ci est provoquée par la caresse de l'ange sur le bord de ses lèvres.
Un autre frisson qu'il ne veut pas chercher à décrire.
Il aurait peur d'aimer ça.

(chocolat enfin dans son estomac)

Elle s'en va. Encore... Loup n'essaye pas de lui courir après, de la rattraper. Eri, elle ressemble à l'enfant qu'on amène au square et qui s'envole dès qu'on lui lâche la main. Comme un ballon. Fille de l'air, après tout.

Loup observe, reporte les yeux ailleurs, caresse nerveusement ses bras comme le tic nerveux qui marque l'auto protection et la garantie de sûreté de soi. Il n'est définitivement pas le garçon qu'on met facilement à l'aise, quoiqu'il advienne.

Elle revient. Encore... Avec son Précieux entre les mains. Le vrai pactole, papier brillant de milles feux imaginaires. Ça y est. Le trajet sur la carte est arrivé jusqu'à la croix marquée Trésor.

... Et maintenant ? Comment on se partage les richesses ?

"C'est vraiment la bonne page ? Ok, alors... T'as gagné, c'est bon."

Résignation,
(mais depuis le départ, pensait-il réellement gagner ?
Le loup ne met pas son nez sous les distributeurs)
il abaisse le regard pour affronter celui de Eri qui virevolte encore un peu.

Mais elle reste stable, pieds ancrés dans le sol froid du couloir. Voilà. Il y a un face à face silencieux. Peut-être pas le même silence de tout à l'heure qui captiva Loup, mais plutôt un silence qui dit "Bon, qu'est-ce qu'on fait ?" et à ça... il n'a pas de réponse non plus. Il n'a pas de réponse, parce qu'il n'y en a pas besoin ? Parce qu'il faut des gestes et...

"Ta récompense. Dis-moi ce que tu veux, je te le donnerai."

Loup se jette dans la gueule du... Loup ! Mais il l'a bien cherché.
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 9 Juil - 13:50





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Eri & Loup




Est-ce que tu as déjà eut l'impression que le temps s'est arrêté, Eri ? Comme si les choses autour de toi ne bougeaient plus, ou allaient à un rythme beaucoup plus lent ? Comme tu étais prisonnière d'une faille temporelle plus semblable à un cocon qu'à une punition ? C'était chaud. Et toi, tu avais envie que ça dure.

Ta récompense. Dis-moi ce que tu veux, je te le donnerai. C'est étrange mais tu as chaud. Tu n'as jamais chaud, Eri. Tu es du genre frileuse, ou plutôt, tu as apprit à l'être pour cacher tes os. Mais tu n'as jamais chaud. Mais cette phrase, elle te rends bizarre à l'intérieur. Puis tu penses à Raphaël. Elle ricane doucement.


" Tout ce que je veux ? Ca ressemble étrangement à la proposition de l'antiquaire. Ca voudrait dire que je suis Raphaël ? Ma vie t'appartiendra alors ? "


Ses yeux le regardent, ses grands yeux bleus fascinants contre les prunelles intenses du Grand Méchant Loup. Quelque part, elle se dit que même si elle lui offrait sa vie en échange, Loup n'en tirerait pas grand chose. Après tout, qui voudrait d'un cadavre dopée aux médoc's ? Peu de gens. Personne, selon toi.


" Hum. Pour ma récompense, je ne veux pas rester dans ce couloir. Je .. Suis-moi. "


Elle déglutit. Et ses doigts squelettiques glissent sur la main chaude du Loup pour le tirer avec elle vers une nouvelle destination. Son regard est à l’affût des blouses blanches, du moindre obstacle à sa récompense à vrai dire.


" Tu te souviens quand je t'ai parlé des deux blouses blanches qui baisaient grossièrement dans ce fameux placard ? Je les avais surpris pendant une de mes expéditions mais ils ne m'ont pas remarqué, eux. Et- Zut, viens par là. "


Elle l'entraîne dans un coin et se cache derrière lui pour éviter le regard de sa blouse blanche attitrée. Une blouse blanche bien trop musclée pour une patiente aussi fébrile. Elle en vient même à retenir sa respiration le temps qu'elle disparaisse dans une autre allée. Elle pousse un long soupire de soulagement. Si la blouse blanche en chef la voyait ici, elle l'empêcherait d'avoir sa récompense à coup sûre.

Loup est face à elle. Et elle est dos au mur. Elle pourrait se sentir prisonnière mais, étrangement, elle se sent plutôt en sécurité. Elle essaie de ne pas le regarder, de ne pas se faire d'illusions. N'oublies pas Eri. Lui, c'est un Loup affamé et toi, tu n'es qu'un cadavre de brebis. Elle ricane, soulagée.


" On l'a échappé belle. C'était ma blouse blanche. Il peut me soulever d'une main, ce monstre. Remarque, je suis pas bien lourde alors ça doit pas être difficile haha ! "


Une fois que le champ est sécurisée, Eri glisse doucement sur le côté, s'échappe de ce cocon sans pour autant lâcher la main du garçon. Ils sont presque arrivés à l'endroit désiré. Et enfin, la porte brune, discrète, apparaît devant eux. Eri se retourne vers Loup.


" Quand les blouses blanches ont fini de baiser, ils ont oublié la clef du placard sur la serrure. "


Elle la sort de sa poche, fièrement. Elle ne s'en séparait jamais. Ce placard, c'était devenu sa cabane dans les bois. Quand tous les adultes avaient les yeux ailleurs, elle partait s'y réfugier pour bouquiner, rêver. C'était la première fois qu'elle y emmenait quelqu'un. En même temps, c'était probablement la première fois qu'une personne la supportait aussi longtemps.

Et la clef pénètre la serrure doucement, à l'abri des regards. Elle ouvre l'entre de son refuge et y accueille son petit Loup. Le placard en question était une sorte d'inventaire avec uniquement la papeterie de l'hôpital. Des classeurs, feuilles de consultations, papiers de radiographie, tous vierges. Elle pousse gentiment Loup dans la pièce puis, une fois entrée, referme la porte derrière elle.

Respires, Eri. Respires. Elle reste face à la porte un moment avant de se retourner. Il y a cette distance entre eux, aussi grande que la superficie de la pièce puisse le permettre. Un silence. Ses yeux pétillent, elle s'avance prudemment. La brebis à l'agonie s'approche du loup affamé.


" Je veux que tu me prennes dans tes bras. "


Sa demande était tombée d'un coup. Après tant de mystère, la simplicité de cette demande pouvait surprendre. Mais Eri, tout ce qu'elle voulait, c'était le minimum d'affection. Après tout, elle n'en avait jamais vraiment eut.

Son père était japonais, médecin et d'une nature taciturne. Elle ne lui en voulait pas de ne l'avoir jamais prise dans ses bras, ou encore de lui avoir dit qu'il l'aimait. C'était dans sa nature, il exprimait son amour par d'autres moyens. Elle a peu de souvenirs de l'affection de sa mère. Oliver était celui qui récupérait tout. Takumi avait essayé, lui. Mais sans grand succès. Tout ce qu'elle voulait, c'était une étreinte. Un peu de chaleur sur son corps glacé.  

     



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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 9 Juil - 15:24

Loup.
Il sait qu'il a passé plus de temps dans sa vie à se faire diriger plutôt qu'à se diriger lui-même. Parfois, il ressemble à une épave. Celle qui flotte à la surface de l'eau, se fait emporter par le courant et, quelques fois, bute contre la rive puis s'y coince jusqu'au prochain coup de vent suffisamment puissant pour l'en déloger.

On lui a déjà sorti les vieilles phrases "Tu devrais peut-être aller voir un spécialiste" "Parles-en à quelqu'un" "Fais-toi aider" "Est-ce qu'il y a un problème ? Tu peux tout me dire tu sais" Et... évidemment, la fierté animale poussait le Loup à refuser. À nier le besoin. Il préférait sceller les songes profondément sous terre, que de les voir apparaître devant lui.

Avec Eri, il pense que ses problèmes n'ont plus lieu d'être. Eri, c'est Raphaël. C'est le Chaperon Blanc, la Femme Chocolat, la fille de l'air, le visage d'albâtre, le corps blanc... Eri, elle peut être qui elle veut en présence de Loup. Loup après tout, il ne mord pas si fort que ça. Il n'est pas toujours Loup. Quelques fois, il devient même Berger, ou bien Mouton (qui reste Noir quoiqu'il arrive). Tous les deux ils sont comme des personnages de contes de fées : éphémères et à la fois intemporels. Ils se surprennent à s'apprivoiser l'un l'autre alors qu'on prédisait du loup qu'il dévorerait l'enfant.

Loup l'épave se fait emporter, une fois de plus. La main froide mariée à la sienne l'emmène vers d'autres lieux, d'autres couloirs, d'autres choses. Elle fait en sorte d'éviter les regards adultes, les mauvais, ceux qui peuvent lui rappeler la Fatalité. Elle les esquive habilement, se cache derrière la peau du Loup en attendant que la tempête froide passe son chemin.
Et il ne dit rien. Il reste silence, ses lèvres cousues par la promesse de la récompense. Loup, tant qu'il n'aura pas entendu la demande de Eri, ne fera rien. C'est ce qu'il lui a garanti tout à l'heure, et qu'il respectera. La fidélité, c'est peut-être bien quelque chose qu'on peut lui féliciter, après toutes ces années à errer.

Clé dérobée qui mord dans le mécanisme de la porte, endort la sécurité et ouvre le passage. Il se laisse entraîner dans le débarras d'archives, là où il y a une imprimante, des dossiers classés, des post-it qui traînent, des étalages en fonte. La faible source de lumière qui strie entre les persiennes argumente davantage cette impression de proximité qu'il commence à ressentir.
Il n'y a personne d'autre que eux deux, voilà ce qu'il en est.

Le silence, encore, puis la voix de Eri qui fend l'air en une volonté. Ce qu'elle désire c'est... l'étreinte simple de Loup. Et là, c'est certain : il ne s'attendait pas à ça. Il ne s'attendait pas à une demande aussi normale, aussi humaine. Loup se dit qu'elle n'aurait même pas du la souhaiter ; que ça aurait été naturel. Mais Eri veut utiliser son Joker de cette manière.

Il s'approche, supprime les derniers centimètres entre eux. Loup, il prend un peu son temps. La demande d'affection est quelque chose qu'il ne comprend pas, parce qu'elle devrait se faire "Comme ça". Sans qu'on n'ait à l'enfermer dans un cagibi pour s'assurer qu'il ne dira pas Non, qu'il ne s'enfuira pas. Mais là, il ne pose pas de question. Parce qu'au fond, lui aussi, peut-être qu'il avait attendu ce moment.
Ses yeux dans ceux de Eri, il prend son temps, toujours. Il contemple les iris qui lui font face, ceux qui ont cherché la même chose que les siens quelques minutes plus tôt. Des parcelles d'univers, des trésors tombés un par un entre deux distributeurs. Des iris qui ont sûrement lu des choses incroyables dans tous ces livres étalés sur le sol. Loup, lui, à part la violence et les gerbes de sang, il n'a pas vu grand-chose de bien dans son existence. Lui, il s'est toujours servi de ses griffes puissantes pour arracher, pas pour protéger. C'était peut-être là son erreur.

Enfin. Ses bras entourent la taille frêle et tiède, l'amène contre lui. Sa respiration s'imprime sur la poitrine de Eri, entre en synchronisation avec. Ses mains se nouent dans son dos ; il y a l'éclair du contact direct, mais chaud. Atténué par les vêtements-armures, sans doute, mais doux quand même. Loup vient nicher son museau dans le creux du cou de Eri dont le parfum féminin lui embaume l'esprit, anesthésie le fil de ses pensées. Et c'est bon, qu'il se dit, c'est bon de ne penser à rien, de se laisser divaguer contre un corps qu'il ne connait pas tant que ça, qu'il ne croquera peut-être pas.
Il referme un peu l'étreinte, instinctivement. S'il fait mal à Eri, elle n'aura qu'à grincer des dents, le dire ouvertement, serrer les poings ou le repousser un peu... Parce que Loup n'est plus capable de savoir s'il serre trop ou pas assez ; il y a sa chaleur corporelle qui commence à grimper, son tempo cardiaque qui augmente et se fait endiablé comme s'il avait couru pour échapper à ses bourreaux.

Mais c'est bon, diablement bon.
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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 9 Juil - 18:16





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Eri & Loup




Eri.
C'est la petite poupée défectueuse qui prends la poussière dans l'arrière boutique du vendeur. La poupée que les petites filles ne veulent pas avoir parce qu'elle fait trop peur, parce qu'elle est pas assez jolie. La poupée qu'on arrête pas de réparer mais qui finit toujours par se casser. La poupée qu'on a abandonné depuis bien longtemps au fond du coffre à jouets.

Toi, t'es pas contre un peu de tendresse. Au moins une fois. Tu t'en fous, si on te dévore, si on te lacère le corps, tu veux juste un instant de douceur dans ta vie. Et tu veux l'avoir sans tes précieuses pilules. Tu veux avoir la tête fraîche, tu veux profiter de chaque instant.

Et à chaque fois qu'il fait un pas, ton coeur frappe un peu plus fort contre ta cage thoracique. T'as l'impression qu'il veut s'échapper, qu'il est plus pressé que toi, qu'il veut en finir. Puis Loup est là. Bien en face. Et tu t'es jamais sentie aussi proche de quelqu'un. Et ça te fait bizarre.

Puis toi, tu bouges pas tout de suite. Tu es comme paralysée. C'est un mélange indescriptible de peur, de désir et d'apaisement. Oui. Son regard. Tu aimerais l'analyser, l'observer pendant des heures et des heures, te perdre dedans, remettre ta vie en question, avant de revenir brutalement à la dure réalité. Ce genre d'échange que tu ne voies que dans les livres, un peu comme la rencontre d'Henri de Marsay et de la Fille aux yeux d'Or. Une sorte d'échange qui ne dure qu'une seconde mais qui a pourtant l'air de ne jamais s'arrêter, comme si le temps s'arrêtait, que l'univers avait été mis en pause juste pour qu'ils profitent du regard de l'autre.

Le premier contact la fait frémir. C'est chaud. C'est doux. Presque craintif. Sa taille est si menue. Si fragile. On le sent sous les doigts, ce squelette que tu caches sous ton gilet, Eri. Et tes doigts glissent lentement sur les épaules du garçon. Et tes yeux tracent les contours de sa silhouette. Puis la distance se réduit encore plus. Et tes mains glissent sur sa nuque. Tu te laisses envelopper par cette chaleur. Et étrangement, tu te sens bien.

Eri, elle sent l'enfant. Cette petite pointe sucrée, fruitée, on aurait envie de la croquer si seulement elle n'était pas aussi cadavérique. Elle a l'odeur des bébés qui dorment paisiblement dans leurs berceaux, les joues roses et le souffle chaud. Elle a l'odeur du magasins de confiserie au coin de la rue, celui qui a des bonbons de toutes les couleurs. Elle a l'odeur des baies sauvages qui vous rendent malades quand vous en abusez. Eri, elle sent l'enfant innocent qui s'est perdu dans la forêt, au milieu des loups.

La peau de Loup. Celle qui exaucera tous ses désirs en échange de sa vie. Cette peau chaude, blessée. Cette peau qu'elle a envie d'embrasser pour panser ses blessures, qu'elle a envie de mordre pour en faire de nouvelles. Elle sent le souffle du garçon contre sa nuque. Et sa respiration a du mal à suivre le rythme de son coeur. C'est tellement chaud, un être vivant.

Ses lèvres finissent par toucher l'épaule de la bête. Et ses paupières viennent cacher son regard envoûté. Et Loup la serre fort contre lui. Tous ces gens qui n'osent pas la toucher de peur de la briser. Et Loup continue de réduire la distance entre eux. Et elle sent son coeur battre comme le corps chaud d'un petit oiseau naissant. Et elle aussi resserre encore plus son emprise sur Loup.

Le bout de ses doigts se confond avec le haut de la nuque de Loup. Et sa main caresse doucement l'arrière de sa tête, posée sur l'épaule frêle de la jeune fille. La pièce est presque sombre, la seule source de lumière est cette vieille ampoule au-dessus de leurs têtes. Et les lèvres d'Eri se déplacent sur la gorge de la bête. Un baiser innocent qui fond sous la chaleur de cette peau brûlante.

Mais Eri a besoin de plus. Toujours plus. Elle veut toucher, elle veut sentir un peu plus cette chaleur humaine. Et Loup. Loup et son regard mystérieux. Loup et son sourire trompeur. Loup et son attitude de bête sauvage. Elle en veut encore plus. Toujours plus.

Et ses mains en allumettes se dégagent de la nuque pour descendre. Doucement. Elles glissent sur son torse, arrivent jusqu'à sa taille. Et timidement, sans le brusquer, ses pouces trempent leurs corps dans ce bain de chaleur humaine. Ils sont vite rejoints par le reste des doigts et se faufilent sous le tissu. Eri pousse un soupire étouffé. C'est tellement chaud. Tellement bon.  

C'était si intense, ce plaisir. Ce contact pourtant si simple, si banal. Une simple  étreinte qui pour Eri soulevait tellement d'émotions. Un geste que les gens normaux font entre eux. Pourtant, Eri trouve ceci tellement puissant. Comme une sorte d'échange qui concernait directement l'âme des deux personnes. Comme une sorte de connexion. Deux peaux qui se frôlent, qui se touchent, qui se complètent. Et c'est tellement agréable que les mains d'Eri tremblent dans le dos de Loup.

Et les joues blanches d'Eri prennent des couleurs. Elle est ailleurs. Elle est transportée par la chaleur de Loup. Et son souffle ne réponds plus depuis longtemps. Et son coeur refuse de se calmer. Et ses lèvres déposent de nouveau un baiser dans la nuque de la bête. Et plus la chaleur est intense, plus les ongles d'Eri s'enfoncent dans sa peau. Et finalement, c'est la brebis qui mord le cou du Loup.  
     



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MessageSujet: Re: Tigre de papier (accord parental souhaitable)   Tigre de papier (accord parental souhaitable) EmptyDim 9 Juil - 19:58

Et là il le sent. Qu'à l'intérieur, entre deux ventricules, ça craque. Mais... un peu comme le chocolat de tout à l'heure, finalement. En un joli bruit croustillant qui fond, qui coule comme la liqueur. Et bon dieu, c'est bon. C'est comme si toute la chaleur instantanée se redirigeait là, dans son myocarde un peu fendu, et que tout se centralisait ici et nulle part ailleurs. Loup aussi, ça le fige sur place, ça immobilise ses mouvements. Un flot d'émotions, de rien et de tout à la fois.

L'étreinte parait éternelle. Bloquée sur la rive, elle aussi. Mais Loup cette fois il demande pas à ce qu'il y ait un coup de vent trop fort pour la sauver. Il aimerait même... que ça reste coincé là à tout jamais.

Loup il a l'impression d'être fiévreux, à avoir chaud comme ça. Avec son souffle devenu plus marqué qu'il essaye un peu d'étouffer pour ne pas briser le précieux de la situation. Son regard se fait plus vitreux, plus céleste mais toujours aussi présent. Il approche des limbes. Les doigts fins et curieux de Eri courent sur sa peau, traversent la cascade de sa nuque et rejoignent son buste concentré de chaleur brute et vibrante. Loup il commence à se perdre, aussi. À se perdre dans cet amas de bien-être physique, de silence éloquent. Sa bouche laisse échapper un soupir, un souffle qui extériorise le bonheur matériel qui est en train de se promener sur sa peau. Il aimerait que ça continue, que ça ne s'arrête jamais. S'endormir avec toute cette douceur, ces caresses-plumes, et ne plus se réveiller. Voilà ce que serait sa mort rêvée. Une douce mort.

Les phalanges visiteuses soulèvent le pan de son haut, demandent à voir plus. Loup ne réplique pas, ne bouge pas. Il se laisse complètement dompter l'animal ; il se laisse caresser par ces mains inconnues qui cherchent à connaître la texture de son corps. Loup, contrairement à Eri, il n'a pas la peau sur les os. Il n'est pas forcément épais, mais pas forcément maigre non plus. Loup c'est le juste milieu, celui dont le torse blanc et plat reste néanmoins souligné par les traits masculins et par ses iliaques dont on pourrait dessiner la trajectoire du bout des doigts... Puis ses contusions regrettables qui marquent des reliefs désagréables au passage du toucher.

Il ne se souvient pas qu'une fille se soit un jour aventurée sur son corps avec une telle douceur emprunte de timidité et de sincérité, au point où son cœur pourrait finir par s'arracher, quitter sa cage-épouse. Eri, au fond, peut-être bien qu'elle l'est vraiment, innocente. Que c'est vraiment blanc en elle, mais qu'elle fait exprès de renverser des pots de peinture pour donner d'autres couleurs. Celles qu'elle veut bien montrer.

Eri... a planté les crocs. Doucement, à la naissance de sa nuque. Pour apposer son territoire, peut-être. Ou... pour autre chose. Il ne sait pas Loup, il réfléchit pas, lui non plus il contrôle pas les égards comme ceux-là. Ça aurait pu être lui. Dans son ventre, ça commence à faire n'importe quoi. C'est très chaud, presque volcanique, et ça se tord aussi, comme le stress avant l'annonce des résultats. Sauf que là, c'est agréable, aguicheur. C'est... Loup, il sent qu'il pourrait avoir Envie. Que ça pourrait descendre plus bas encore, toute cette chaleur, voire même embrouiller complètement ses sens, son cerveau, le faire devenir feu et fou ! Fou de ce sentiment.

Ses mains d'homme sculptées par les confrontations se déplacent avec lenteur et attention, explorent les courbes creuses sous elles. Loup, il peut sentir les côtes de Eri. Il peut les compter, même par-dessus le gilet qu'elle porte. Et il aimerait lui demander. Lui demander Est-ce que je peux ? au creux de l'oreille, mais il sait bien que son utilisation des mots est maladroite et qu'elle pourrait blesser cet échange puissant. Alors il se tait, mais ses yeux cherchent la discussion ; cherchent ceux de Eri. Il se retire de son cou, abri des accolades, et effleure sa joue qui commence à faire naître une couleur écarlate. Elle est jolie, Eri. De près, de loin, elle est jolie. Eri et son corps en sucre, son odeur de bébé. Eri et ses grands yeux tantôt énigmatiques, tantôt candides et tantôt morbides.
Loup cligne des yeux avec une inertie évocatrice de ce qu'il ressent. C'est comme si tout était flouté, mais qu'il voyait pourtant avec précision. Et il approche encore, encore plus. Il approche, une dernière fois, s'abreuve de son souffle chaud et s'accapare les lèvres féminines sans avoir demandé à Eri. Définitivement.
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