Il vient d'aller la voir. Elle avait les yeux clos.
Comme d'habitude.
La dernière fois qu'il lui a parlée...
c'était il y a longtemps.
(Il ne veut pas savoir Combien)
"Je vais me détendre dehors,"
La chaise fait sa complainte du recul.
"à tout de suite."
Loup n'émerge du flot de l'ennui que lorsque les rayons du soleil brûlant viennent tâter sa peau. Comme là, maintenant. Plissement des yeux, adaptation de la vue, mise au point des contours du décor. Il peut voir des âmes inconnues venir en son sens ; très peu partent dans l'autre. C'est à cet instant qu'il se rend compte qu'il a un pouvoir inestimable. Celui qui lui permet de partir. Et il pourrait le faire. Quand il veut. Il pourrait s'en aller et ne jamais revenir. Il pourrait s'enfuir. Retourner à l'état sauvage comme au début, ne plus voir les toits de bétons et la civilisation. Loup il peut faire tout ça.
De l'herbe sous ses pas. Ça fait déjà quelques minutes qu'il marche. Le temps l'a emmené loin. Dans le fond de la roseraie. Il oublie qu'il passe à côté de l'arche qui a abrité la lune et ses tasses de thé. Il oublie le parfum flottant des roses aux crocs dissimulés. Il oublie aussi qui il est, et se fond dans la masse.
Animal méconnaissable entre les feuillages, creuse son lit dans la vase.