métal hurlant (maxence)

il n'y avait pas que la canule qui avait laissé un hématome violâtre sur la peau de la gamine hystérique qui ne voulait pas abdiquer quant au départ de son frère. cette gamine, c'était toi, grande enfant mordue à vif par la vie active et les déboires sentimentaux. c'était la deuxième fois qu'alex venait. à chaque fois, il apportait trois paquets de cigarettes blondes planquées dans leurs étuis rouge et blanc. cette fois, il s'était passé quelque chose - sa peau était zébrée comme la tienne et bien qu'il n'eut rien voulu en dire, tu savais déjà que les mêmes pinceaux s'étaient approprié vos toiles couleur chair et ça te mettait en furie. et puisqu'il refusait de l'admettre, il était parti au bout de ce qui t'avait semblé dix petites minutes et t'avais abandonné dans le couloir blanc cassé, toi et tes trois paquets de cancer qui dénotaient de façon malsaine, telle une ode au tabagisme. tu l'avais suivi du regard, cet enfoiré qui te laissait là une fois de plus seule avec ton manque, dans cet univers aseptisé et mortifère qu'était l'hôpital. tes yeux tristes et fatigués avaient traqué son corps déambulant dans le couloir en espérant qu'il fasse volte-face et passe rien qu'une heure avec toi, mais il avait pris le départ avec tant de conviction qu'il aurait pu croiser sa propre mère dans cette allée sans y porter la moindre attention. t'aurais fini par te laisser totalement submerger par ce sentiment d'abandon si tes billes couleur olive n'avaient pas croisé un minois que tu ne connaissais que trop bien, celui d'un vieux camarade, d'un client. son museau de voyou tu le voyais quasiment tous les jours au bar. t'étais tellement déphasée par les médicaments que croiser un habitué ici, c'était un putain d'ouragan. j'y vais. j'y vais pas. assez nerveusement, tu l'avais rejoint, la petite mine pâlotte habillée d'un sourire gêné. salut max.