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 toile vierge (cassio)

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Tito
Tito

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MessageSujet: toile vierge (cassio)   toile vierge (cassio) EmptyDim 11 Juin - 12:11

Tu sais plus trop. Quand t’as remarqué que la chambre d’à côté, elle se remplissait. Un beau matin, t’as vu les docteurs, les infirmiers se déplacer là. Alors qu’elle était vide depuis des mois maintenant. T’avais pas vraiment cherché plus loin. Ici, parfois, les chambres vont et viennent. Comme les patients. Et puis, t’étais dans une mauvaise phase. Alors, tu sais plus trop. Quand t’as remarqué que la chambre d’à côté, elle était plus vide.

Mais, t’étais passé devant. Une fois, deux fois. La porte close, elle avait fini par s’ouvrir et t’avais pu l’apercevoir. Le garçon. Beau. Ou même joli. Tu sais pas, quel adjectif lui convient le mieux. En tout cas. Ça t’avait frappé. Mais, tu l’avais qu’entre aperçus. Avant que la porte ne se ferme à nouveau. Et puis. Encore une fois, une seconde. Et t’avais fini par la voir, la toile trop vierge. Lui devant. Tu te demandais. Ce qu’il faisait. Ce qu’il avait. Ça donnait un petit côté énigmatique à ta vie d’ici. Alors, c’est peut-être pour ça. Tu sais pas. Ou alors à cause de tes mauvais jours. Peut-être.

Parce que cette nuit. T’as la maladie qui t’avait réveillé en hurlant. Cris de détresse qui avait dû résonner dans tout le couloir avant qu’on vienne te sauver. T’endormir. À coup de seringue et de médicament. Oui, peut-être que c’est pour ça. Que t’avais quand même franchit la porte de ta chambre. Vacillant. Le visage fatigué. Mais, les yeux pétillants, curieux. Changer d’air. Trouver du nouveau. Peut-être quelqu’un comme toi. Ou mieux, ou pire. T’en sais rien en fait Popy. De toutes les raisons qui t’ont poussé à y aller. Mais, t’avais tes pieds qui t’y avaient conduit. Toi, appuyé sur ta barre à roulettes, celle qui était reliée à ta main, poches qui donnent les médicaments. T’étais arrivé devant la porte ouverte. Curieux de voir cette chambre aux murs trop blancs. Curieux de la toile que tu pouvais apercevoir au loin. Et lui, le garçon. Devant.

Un pas. Sans trop oser. Entrer, rester dehors. Un pas et t’étais entré. Pas suffisamment. Non. Juste là, sur le pas de la porte. Parce que t’avais jamais fait ça. Entrer dans la chambre d’un autre patient. Mais, lui. Ça faisait maintenant quelques jours qu’il t’intriguait. Avec sa toile. Alors…et puis, ça donnait un petit goût à ta vie d’ici. Sourire vacillant sur tes lèvres. « Tu ne dessines pas ? »
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Cassio
Cassio

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MessageSujet: Re: toile vierge (cassio)   toile vierge (cassio) EmptyDim 11 Juin - 14:50

un, deux, trois. trois jours, deux nuits, que tu t'es fais prisonnier de tes quatre murs ivoires. que tu fixe ta toile blanche sans que tes couleurs ne viennent s'y prélasser. le premier jour, elle est venue sur le pas de ta porte, vacillante, comme une flamme prise dans le vent, sans rien pour la protéger. maman avait apporter tes vêtements, ensevelis dans ta valise au cuir noir rigide, avec tes pinceaux usés, avec tes fusains, tes pastels et tes acryliques. t'as rien dit. tes cordes vocales refusaient de s'activer. t'as rien dit. pas de merci, pas de désolé, pas de tout vas bien. peut-être parce que tout n'allait pas bien. peut-être parce que t'avais la rage et que tu ne voulais pas lui cracher ton venin à la figure alors qu'elle empestait l'alcool à des kilomètre. t'as laissé ton regard éteint s'éterniser sur tes toiles vides, alors maman, elle est partie et puis elle n'est pas revenue depuis. c'est mieux comme ça, c'est mieux si t'es seul. c'est mieux si tu peux te détruire dans ton silence sans personne pour assister à ta chute fatidique. tu veux pas voir les visages s'effacer, alors tu les rayes des le départ.

la deuxième nuit avait été emplie des gémissements du garçon douleur de la 0308. des allées et venues du personnel médical, de ses plaintes étouffées par ta porte fermée. tu devrais t'habituer à écouter les bruits de l'hôpital, les roulettes des chariots qui crissent sur le sol laqué, la douleur des autres, plus auditive qu'oculaire, qu'on entends planer dans le silence, la nuit. ce soir là, t'as décroisé tes jambes pour la première fois avant de te lever pour faire les cents pas dans le petit espace qui constituais ta nouvelle demeure. c'était triste. ce blanc ivoirien mêlé à ces gémissements douleurs. et ta tête qui voulait éclater entre ces murs, ton coeur qui voulait s'échapper par la fenêtre aux rideaux gris tirés, et puis tes yeux, cernés violet, ornement de tes nuits sans sommeil, ils voulaient se fermer, tu ne les laissait pas. sans trop savoir, ton regard s'est attardé trop longtemps sur tes toiles entassées dans un coin de ta cage blanchie, sur le chevalet immobile installé plus loin. alors par habitude, tu l'as installé, là, devant la fenêtre, entre ton lit impersonnel et le bureau encore vide de tes vêtements restés dans la valise éventrée sur le sol. la toile, tu l'as laissée trôné dans sa splendeur virginale sur ton chevalet. t'as passé la nuit assis sur ton banc de fortune à la fixée de tes prunelles trop bleues, la journée suivante aussi. t'as pas parlé au psychiatre, trop occupé à contemplé ton propre déclin. t'as pas parlé aux infirmières pendant qu'elles changeaient tes pansements aux poignets, t'as pas eu de réaction, où alors tu la faisais taire alors que tes poignets devenaient lave en fusion sous leurs produits désinfectants.

cette nuit là, la troisième, t'avais l'épiderme frissonnante des hurlements du garçon douleur. t'aurais voulu la lui prendre l'instant d'une nuit, toi qui fais pas un bruit, toi qui endure sans rien dire. t'aurais voulu lui donner un peu de répit. parce que le garçon douleur, tu l'avais compris au bout de trois jours passé près de sa chambre que t'arrivais pas à t'imaginer dans tout ce terne, il allait jamais bien. pas complètement. y'avait toujours ce bruit de fond provenant de sa chambre, comme ont demanderait libération. cette nuit là, tu pouvais entendre par la porte entre-ouverte les pas pressés des aides soignants se précipiter dans la chambre voisine, étouffer les cris essoufflés du garçon orage à coup de seringue. et toi, toi qui restait bêtement devant ta toile incolore à t'aveugler les prunelles. les couleurs étendues sur la palette qui semblent te hurler à la gueule d'enfin les coucher sur ta toile, tu peux presque les entendre te supplier, à moins que tu ne devienne cinglé, à moins que ton mutisme et ton entêtement borné ne t'aie fait perdre la raison plus tôt que prévu.

"tu ne dessine pas?" tu reconnais cette voix comme celle du garçon douleur pour avoir supplier que ça s'arrête enfin, quelques heures plus tôt. il t'as un peu fait peur, à te surprendre dans ton amertume, alors que tu le pensais engourdi par les médicaments. t'aurais voulu te retourner, regarder autre chose que le blanc éternel. croiser la pigmentation de ses yeux, son expression, aussi. mais tu pouvais pas, tu voulais pas qu'il te voit vulnérable, les prunelles trop bleues serties de cernes violettes, les cheveux en bataille et les traits fous, les mains tremblantes et les poignets déchiqueter. alors tu t'es contenté d'un simple mouvement de tête, gauche, droite. non. non, tu ne dessine pas. les couleurs n'ont plus leurs place.
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Tito
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MessageSujet: Re: toile vierge (cassio)   toile vierge (cassio) EmptyDim 11 Juin - 15:43

Tu le fixes. Lui et sa toile. Lui et son dos. Parce qu’il ne se retourne pas, quand tu oses lui parler. Le questionner. Alors, quand il hoche simplement la tête, tu te permets de regarder un peu plus. Le garçon. Avec ses cheveux fous, en batailles. Tu ne sais plus, toi, Popy, depuis quand tu les as pas eues aussi long. Oh, c’est déjà arrivé. Quand tu es arrivé ici pour la première fois. Tu les avais un peu comme ça. Pas coiffé pareille, mais, oué. Dans cette longueur. Mais, ils étaient tombés un à un puis, poignées par poignées lors de ta première chimio. Maintenant, t'as juste une coupe rasée, très courte. Tu sais pas trop quoi faire. Avancer, ou non. Parce qu’il ne se tourne pas. Ne regarde pas. Non, il reste fixé sur la toile trop blanche. Comme les murs d’ici. Oser. Un pas, puis un autre. Tu t’avances un peu plus dans sa chambre. Et, tu ne vas pas dire que tu comprends son silence, cette posture de détresse qu’il porte sur les épaules. Mais, tu sais, ce que ça fait d’arriver ici. T’as eu cette période aussi, au tout début. Lorsque le verdict est tombé. Prostré, t’es resté sans parler, des jours. Sans pleurer, des jours. Puis, tout est tombé, tout est sorti. Tu as hurlé. Tu as pleuré. Maintenant, tu ne cries plus. Non. Sauf quand ça fait trop mal. Pleurer…pleurer c’est autre chose encore.

Un pas puis un autre.
Tu avances doucement dans la chambre. Pas trop près. Non. Tu ne veux pas. Lui faire peur, le braquer. Tu ne veux pas. Alors que tu voudrais, vraiment le rencontrer. Lui et sa toile. Parce que tu ne comprends pas trop, pourquoi il ne dessine pas. Toi, toi tu le fais dès que tu peux. Dès que tes doigts, tes bras ne tremblent plus. Dès que tes os ne grincent plus. Pour mettre un peu de couleurs sur les murs de ta chambre, plus si blanche que ça. Parce que ça permet de faire sortir. Aussi, parfois. Le trop noir du corps. Le trop mal. Là, gribouillis violents sur une feuille vierge. Hurlement de douleur silencieux. « Pourtant, ça ferait joli, non ? »

Tu le regardes doucement. Tu ne sais pas pourquoi il est là. Si c’est grave. Ou pas. Tu penses que oui, surement un peu. Sinon, il aurait pas une chambre à lui tout seul. Non, il serait ailleurs. Mais…peut-être qu’il ira vite mieux. Ou pas. Tu vois les cheveux et sa peau. Les bandages sur les poignets. Mais, tu dis rien. Parce que toi aussi t’en as pleins des bandages aux mains. Et chacun souffre à sa façon. T’es pas là, ça non. Pour juger qui que ce soit. Non. Certainement pas. Y a les docteurs pour le faire, ça. Un pas, puis un autre. Et tu finis par t’arrêter à quelques pas de lui. De la toile. Et tu peux apercevoir toutes les autres affaires. Comme tu aimerais avoir autant de couleurs pour dessiner ! « Tu sais, un peu de couleurs sur les murs trop blanc. Et puis, ça ferait moins vide, non ? » Et tu t’accroches. À ce semblant de rencontre. Même si t’as un peu l’impression d’empiéter sur son espace. Tu voudrais savoir, connaitre. Parce qu’ici, on n’en fait pas souvent des nouvelles rencontres.

Tu tournes ton regard vers lui, enfin. Sourire doux sur ton visage aux traits tirés. T’es pâle, oui. Peut-être aussi pâle que la mort, avec tes yeux trop bleus. Tes cernes trop violette, bleu et jaune. T’as une sale mine, tu sais. Oué. Mais, ta nuit a été mauvaise. Malade. Malade à te faire dessus. Tout. Alors, tu les vois pas vraiment, celles sous ses yeux. Parce que finalement, il a bien plus de couleurs que toi. Oui. Sourire doux sur ton visage. Tu te dis qu’il doit être un peu plus vieux que toi. Oui, surement.
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Cassio
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MessageSujet: Re: toile vierge (cassio)   toile vierge (cassio) EmptyDim 11 Juin - 16:45

tu le sens, lui et son regard fixé sur ton dos maladroitement dessiné, amaigris par le refus d'ingurgiter la nourriture aux mêmes effluves que l'air antiseptique. tu le sens, lui et ses pas traînants, hésitants. t'aimerais te retourner, juste un peu, l’apercevoir, toi aussi. mais t'arrive pas à bouger, cassio. comme si t'étais dans la même posture depuis trop longtemps, comme si ton corps avait décidé de devenir pierre. et puis ses mots qui te retourne la tête, qui te font chavirer le coeur. oui, ça ferait joli, un peu de couleur, un peu d'idées mélangées, un peu de créativité étalée. tes mains elles tremblent du manque de bois pinceaux entre tes phalanges blafardes, si tes prunelles bleutées avaient eut une voix, elles auraient hurlées d'horreur, t'en étais certain.

tu sais que son regard aux couleurs inconnues se promène sur ton corps, sur ta peau camouflée par les bandages que tu rêves d'arracher rageusement. tu ne le fais pas, parce que tu serais contraint de voir tes erreurs parsemées sur ton épiderme violacée recousue. un pas, deux pas. t'aurais qu'à décaler ta tête de quelques centimètres sur la gauche pour l'apercevoir, le garçon douleur et sa voix douce éraillée. tu savais pas comment il faisait, pour hurler la nuit et garder sa douceur, pour cohabiter avec la mort en gardant sa voix sourire. tu savais pas comment il faisait, pour être là dans la nuit, drogué aux médicaments, trimbalant sa douleur mélancolique sur ses épaules que t'imaginais frêles. alors quand il s'est posé près de toi, avec ses mots douceur, t'as enfin tourné ton visage vers lui, l'expression ravagée, les prunelles verre d'eau. et puis ta voix s'est élevée, rocailleuse, comme sorti du plus profond de toi-même. plus un bruit guttural qu'une voix. " ce serait joli, ce serait moins vide, oui. " un soupire et un léger sourire. tu sais pas pourquoi, tes prunelles le détaillent de la tête aux pieds, l'évalue comme tes toiles. pas vraiment plus grands que toi, les jambes qui tremblent un peu, comme toi, comme tes mains. les cernes aux pigments plus évolués que les tiennes, le cheveux à peine remarqués sur son crane, et la douleur que tu devinais caché dans son coeur. t'aurais voulu le coucher sur ta toile le garçon douleur, colorié sa peine, immortalisé la douceur qui persistait au sein des ténèbres. alors t'as fais un effort, pour parler encore, pour ne pas le laisser là avec son petit sourire hésitant, avec tout ce que ça lui avait coûté de se tenir juste là, dans ton vide immense que t'avais créer toi-même. " si je te disais que les couleurs telle que tu les connais disparaîtront avec le temps. que tes yeux ne pourront les captées. tu les coucherait sur la toile ? "

tu voulais les revoir, les couleurs. mais ça t'effrayais, de savoir qu'elles changeraient, qu'un jour, elles ne seraient plus les mêmes, qu'elles deviendraient fade, doucement, lentement, jusqu'à devenir noir néant si les traitements ne voulaient pas de ton corps frêle aux muscles douloureux. tu pourrais peindre et avoir l'espoir de les garder précieusement dans tête, mais l'oubli, tu le savais, viendrait avec le temps, et alors l'espoir s'envolait. demain. le premier jour de la fin. le premier jour où ton corps absorberait les doses massives de chimiothérapie, le premier jour où ta vie sera hors de ton contrôle, où tes prunelles n'auront plus que le plafond immaculé à fixé. et puis, t'es revenu vers lui, pour t'empêcher de sombrer dans tes idées noircies. de quoi il souffrait, lui. est-ce que lui aussi avait des couleurs cachées ? depuis combien de temps était-il prisonnier de sa chambre ? t'as décroisé tes jambes engourdies, si le personnel avait été là, ils en auraient probablement ris, de te voir bouger tel un pantin désarticuler pour la première fois, de voir tes pieds fragilisés se poser sur le sol pour laisser ton corps fatigué se lever de ta chaise, faire face au garçon douleur. " montre-moi, tes couleurs. " ta voix, t'avais essayer de la faire douce, plus mélodieuse que le rocaillement qu'on y décelait facilement. tu voulais pas lui faire peur avec ton état d'âme violence. tu voulais pas qu'il s'enfuit à ta demande, tu voulais les voir, les couleurs, pas les tiennes. les siennes, celles que tu connais pas. alors tu lui as laissé ta place, celle que tu laisse à personne, celle que tu t'étais approprié pendant deux jours. pinceaux et peintures prostrées près du chevalet depuis des heures, des jours, qui te hurlaient de faire quelque chose, de te bouger. peut-être qu'elles se tairaient si le garçon douleur les couchait a sa façon sur la toile, peut-être que tu reprendrait goût aux couleurs, toi aussi. tu savais pas si il peinturait, si il avait l'art dans le sang comme toi. mais t'en avais rien a faire, de s'il savait, tu t'en foutais, s'il renversait les couleurs sur la toile sans technique, sans amour. tu voulais juste le voir faire comme kisos te regardait faire autrefois, tu voulais le voir là où tu ne te voyais plus.  
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Tito
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MessageSujet: Re: toile vierge (cassio)   toile vierge (cassio) EmptyDim 11 Juin - 17:19

Quand sa voix se fait entendre, t’as comme le chaud au cœur. Oui. Parce que ça te donne l’espoir, d’être un peu accepté dans son monde trop blanc. Parce que tu sais pas ce que tu aurais fait, s’il t’avait pas adressé la parole. Serais-tu resté ? Serais-tu reparti ? Tu ne sais pas. Non. Mais, quand tu l’entends, tu ne peux que lui sourire un peu plus. Parce que, la rencontre, elle commence vraiment. Alors, tu le regardes et l’écoutes. Froncer les sourcils à ses mots. Si les couleurs s’envolaient, si elles changeaient, noirciraient. Tu le fixes, un peu d’incompréhension dans ton regard. Tu te demandes, s’il va devenir aveugle ? Si la chose qui te ronge les os, lui ronge les yeux ? Tes doigts se resserrent contre la barre métallique à tes côtés. « Oui. Oui je les dessinerais. Parce que…il faut profiter avant que ce soit finit. Non ? » Et tu lui souris douceur en le fixant. Tu sais pas si c’est la réponse qu’il attendait. Mais, c’est ce que toi tu penses. En profiter avant le trop noir. En profiter avant qu’il ne soit trop tard. Vraiment.

Mais, tu ne t’attendais surement pas à ce qu’il se lève, se redresse, te laisse sa place. Tu fixes la chaise un peu perdu. Tu le fixes, lui, le regard étonné. Il veut que tu dessines toi ? Tu comprends pas trop. Vraiment. Mais, et bien pourquoi pas ? Si cela lui fait plaisir, si c’est de cela qu’il a envie. A-t-il déjà vu ta chambre ? Pour te demander une telle chose ? T’en sais trop rien. Parce que tu ne te souviens pas de l’avoir déjà croisé. Alors, tu doutes. Mais, y a sa demande et ses mots graves. Comme s'il s’était tut pendant trop longtemps. Comme s’il n’avait pas parlé depuis des années. Peut-être, parle-t-il seulement avec les couleurs ? Peut-être comme, cette toile vierge, qu’il n’arrive plus à parler ? Tant de questions, sans réponse. Mais, finalement, n’est-ce pas normal. Le garçon, tu le connais pas. Mais, tu veux.

Alors, tu souris doucement, et, t’assoies. Difficilement, le corps tremblant, tes mains s’agrippant à ta barre avant d’enfin toucher l’assise. Petit soupire. Parce que c’est dur, parfois, de rester vraiment debout. Alors, t’es un peu content, d’être assis. Malgré le peu de distance qui vous sépare. Ta chambre et lui. « D’accord. Mais… » Tu tournes ton visage et le regardes. En face, cette fois. Parce qu’il n’est plus dans ta diagonale. Il s’est levé, et, tu le vois en entier. Beau garçon égaré. Il a aussi un peu le visage ravagé, l’air fatigué, l’air malade. Mais, n’est-ce pas normal ici. Tu n’en fais pas vraiment cas. Non. Tu lui souris juste. « Je ne sais pas trop quoi. » Et tu regardes la toile. Fixe le trop blanc, les couleurs, peintures et pinceaux. Des pinceaux. Ici, tu n’as que des crayons, un peu de fusain. Mais, tes parents ne t’ont jamais ramené les pinceaux. Non.

Tu en prends un, un peu épais, plat. Tes doigts tremblent. Sourire miraculeux sur ton visage. Tes yeux qui se mettent à pétiller. Mais, tu ne sais pas. Non. Si tu vas y arriver. Prendre un peu de rouge sur le bord de la palette, un peu de jaune et de bleu. Tu sais pas trop quoi faire. Mais, le pinceau trempe dans le rouge et le jaune. Lever le bras. Et la douleur fuse. Violente. Grognante, éclair le long de ton bras, là, jusque l’épaule. T’ouvres de grands yeux alors que tes doigts lâchent le pinceau. Incontrôlables tremblements. Tu gémis violemment, douleur dans le corps. Sursaut. Le bras tremble alors que tu sens, les couteaux s’enfoncer. Là. Encore et encore. Acharnement sur ton bras. Les couteaux s’enfoncent dans les os. Splash, splash. Si le sang coulait, tu pourrais créer une piscine. La bile monte à tes lèvres et ton bras retombe violemment contre toi. Tu l’attrapes de l’autre. Merde. Merde. « Pardon ! » Parce que y a la tâche orange sur le sol.

Parce que tu veux vraiment lui donner des couleurs. Alors, comme par habitude, t’as un doigt qui appuie sur ce petit bouton bleu. La morphine. Avant que tu ne te penches. Comme si de rien n’était. Comme si tu n’avais pas mal. Comme si tu ne sentais plus les douleurs. Et pourtant. Pourtant, elles sont là, reflet dans tes yeux. Mais, tu sais que c’est normal. Après une nuit pareille. Après avoir souffert autant. Ton corps n’est pas encore remis. En fait…tu penses qu’il se remettra jamais. Non. Jamais. « Je recommence ok ! » Et tu tournes ton visage pour lui sourire, tu rattrapes le pinceau. Le trempe à nouveau dans le rouge et le jaune, et cette fois. Parce que tu sais. Que tu vas avoir mal, tu arrives à tracer le trait. Les doigts tremblants. Tu traces encore et encore des traits. De plus en plus larges. Orange du crépuscule. Tu essaies de le dessiner là, sur la toile plus si blanche.
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Cassio
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MessageSujet: Re: toile vierge (cassio)   toile vierge (cassio) EmptyDim 11 Juin - 18:51

il tremble, le garçon douleur, à la manière d'une feuille prise au piège dans le vent. t'essaie de pas regarder trop longtemps les tressautements de son corps, c'est pas poli que maman disait, quand elle était sobre, quand t'étais encore un garçon naïf aux rires soleil. alors tu te décale un peu, là où il se tenait maladroitement quelque minutes passées, pour lui laisser l'espace, pour qu'il repose son être sur ta chaise inconfortable. et puis tu sais pas pourquoi, mais le sourire du garçon douleur, il a un quelque chose de différent, un quelque chose de rafraîchissant. pas comme ceux qui entrent et sortent de ta chambre déguisés en blouses blanches, quelque chose de moins ravageur, de moins lourd, plus léger. t'as pas envie d'exploser comme une bombe à retardement, t'as pas l'impression que ton sang bouille dans tes veines. alors tu fais de ton mieux, toi aussi. parce qu'il ne cherche pas la maladie d'un regard insistant, parce qu'il s'est assis devant tes couleurs, qu'il ne s'est pas enfui comme un lâche alors que tu devines la douleur camouflée du garçon. t'essaie de laisser ton caractère violence enfouis, d'enterrer vivantes tes idées noires et ton sarcasme à rendre aphone.

y'a ses phalanges osseuses qui essaie de mélanger les couleurs pour en faire de nouvelles, ses prunelles qui cherchent, et toi, toi tu trouves ça beau, de le voir où tu t'es tenu trop longtemps sans bouger. et puis il tangue, éclabousse le sol d'orangé. t'aurais aimé avoir une réaction autre que celle-là, autre que le sourire sur tes lèvres gercées. parce que cassio, ça te fais du bien de voir la couleur s'étaler sur le sol immaculé, de voir la tache orange où elle ne devrait pas être. tu ne l'avoueras pas, mais les couleurs te manquaient, elles te manqueront toujours même quand elles seront encore là. mais tu reste silencieux, alors qu'il s'excuse maladroitement, alors qu'il se crois discret avec ses boutons morphine. t'as déjà ton idée, sur sa maladie, les os, les muscles, peut-être. patient, tu lui laisse le temps, de te donner ton oeuvre, de savoir. orange crépuscule. doux et sombre, triste et ensoleillé à la fois. tu t'en voudrais presque de ne pas les avoir étalées sur la toile toi-même, tant la coloration apaise ton âme malmenée.

tu le regardes, pour ce qui te semble la première fois, parce que tu le vois vraiment, là, assis devant le chevalet, les membres tremblant, la douleur peinturlurée sur son visage et pourtant, la main qui continue de battre les airs pour laissé sa trace dans ta chambre plus si blanche que ça. les yeux écarquillés, t'as probablement l'air d'un mort, avec ta pâleur. mais c'est plus fort que toi, alors les mots que t'arrivais pas à dire à maman, ils s'envolent " merci " rien de plus, pas d'explications, un ton neutre mais la tête débordante. tu voulais qu'il sache, qu'il voit ce qu'il venait de faire même si t'arriverais pas à te l'expliquer. le garçon douleur, il n'était pas que souffrance, pas que gémissement comme tu l'avais imaginé. il était plus que ça, et tu voulais qu'il reste là un peu plus longtemps. goûter à ses saveurs, à ses rêves de technicolor pour oublier les tiens, de noir et de blanc construit. ta première envie, mis à part celle de t'envoler, depuis ton arrivée.
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Tito
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MessageSujet: Re: toile vierge (cassio)   toile vierge (cassio) EmptyDim 11 Juin - 20:52

Tu t’appliques, tu ne penses plus. Non. Tu le vois même plus, le garçon. Parce que t’as tout mit en pause, la douleur, pourtant qui crispe tes traits. Tes pensées, tes sensations. Tu dessines, tu laisses aller tes envies. Et tu peins. Ça fait tellement longtemps que t’as pas peint que ça te fait du bien. Tellement. D’éclater le crépuscule sur la toile blanche. Orange, rouge, jaune, tu laisses un peu de bleu, bleu foncé, noir, venir s’y mélanger. Le ciel éclatant de couleur lorsque le soleil laisse place à la lune. C’est beau. T’as toujours aimé regarder cet instant magique. Cet instant de beauté que la terre, le monde, la nature offre. Cet instant qui te fait sentir si petit. Qui te fais comprendre que tu n’es rien. Parce que c’est elle, la plus belle. Oui, t’as toujours aimé fixer cet instant hors du temps. Si beau en couleur. Alors, tu fais de ton mieux pour le peindre. Même si tu sais. Oui, que ça ne sera jamais aussi beau qu’en vrai. Jamais.

Pourtant, lorsque t’entends le léger merci passer tes barrières. Tu sais. Tu sais que c’est surement quand même un peu magnifique. Pour lui, pour toi. Parce que y a tes doigts tremblants qui finissent par s’arrêter. Le pinceau reposé. T’as le bout des doigts colorés de peinture séchée. Mais, tu t’en fiches, tu fixes la toile. Sourire au bord des lèvres. Avant de te tourner vers lui. « Tu vois…c’est déjà mieux non ? » Parce que c’est vrai. Même si c’est pas un chef-d’œuvre. Même si, le garçon. Peut-être, il fait des choses plus belles. C’est mieux. Parce que ça colore la chambre. Ça donne un air d’extérieur. Ça donne du réconfort. T’en es sûr. Alors, oui, pour toi, c’est déjà mieux. Que cette chambre toute blanche au point d’en devenir grise de tristesse.

Tu regardes autour de toi. Vois les vêtements éparpillés dans la valise. Il ne s’est pas installé. C’est vrai. Que c’est pas facile. De s’installer. De se dire. Je vais vivre ici. Je suis prisonnier. Trop malade pour qu’on me laisse sortir. Oui, c’est pas facile. Mais, c’est pour aller mieux…normalement. C’est pour, survivre. Oui. Survivre. Encore quelques secondes, quelques instants. « Je m’appelle Popy et toi ? » Parce que le garçon. Il peut pas rester le garçon. Parce qu’il a surement un prénom. Et que tu veux savoir. Pour pouvoir y penser plus tard. Pour pouvoir l’appeler si besoin. Tu pourrais crier, et il pourrait venir d’ici à ta chambre et l’inverse. Parce que tu sais, tu espères que tu vas pouvoir passer du temps avec lui. Vraiment. « Est-ce que tu veux essayer ? » Parce qu’il pourrait très bien y mettre un peu des siennes, de couleurs, sur ta toile. Pour…pour aller un peu mieux ? Pour…pour décoincer ce qui coince ? Comme sa voix trop rauque du silence ?
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Cassio
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MessageSujet: Re: toile vierge (cassio)   toile vierge (cassio) EmptyLun 12 Juin - 2:14

t'avais demandé une peinture, sans vraiment savoir ce qu'il allait couché sur la toile. quelles couleurs il allait prendre ou la forme qu'il leur donnerait. tu le regarde, la toile et puis lui. il a ces expressions bonheurs qui s'encrent discrètement derrière ses iris, les prunelles devenues étoiles devant tes couleurs mélangées, tu trouves ça beau, cassio, de le voir assis là, le garçon douleur. de le voir te livrer une part de lui sur ta toile désespoir. ça te rappelait les forêts d'écosse, le ciel comme une aquarelle, les montagnes qui s'y mêlent. et puis ça t'as frappé, comme un coup de poing dans l'estomac. t'as fais attention, de ne pas ciller, de ne rien extérioriser. c'était loin, maintenant. un autrefois qui repasserait dans ta tête quelques fois entre tes murs blancs. tes ongles qui grattent maladroitement tes pansements, pour te donner une contenance, la douleur qui ressaisit, qui te secoue l'esprit un peu. t'as pas le temps de voguer dans tes noirceur, t'as le garçon couleurs qui te livre son art en dépit de ses membres qui grincent.

le tableau, il est presque terminé maintenant. tu t'attarde un peu sur les traits irréguliers, les linéaires colorés qui fusionnent entre elles pour laisser place à une part du garçon douleur, du garçon couleur. oui, c'est mieux. c'est moins terne, ta cage, maintenant qu'il a peint ses soleils à moitiés éteints. t'aurais aimé lui dire, t'aurais bien voulu lui hurler, que ça te plaisais, que tu voyais la beauté, l'euphorie, dans sa toile. mais t'avais la voix éraillée d'un homme muet, et puis, parfois, tu sais plus trop dans quel ordre déposer tes mots et pensées entremêlés. effet secondaire du comas, qu'ils disent, les blouses blanches. tu sais pas pourquoi, mais t'as envie de le connaitre, autrement que par ses hurlements déchirant la nuit en trois puis en quatre. autrement que par le soupir tristesse des infirmières en quittant sa chambre. t'as envie de connaître son nom, au garçon écorché, de voir un peu plus de ses couleurs.

tu laisse tes prunelles mer se perdre sur lui, un regard volatile sur tes vêtements, le peu que t'as rapporté de ton ancienne vie. et puis sa voix qui résonne dans le silence, un peu trop douce pour la haine que t'éprouve à la vue de cette valise éventrée sur tes vêtements, qui te fais un peu tanguer sur tes pieds. "cassio." le garçon douleur, le garçon couleur, popy. c'était beau, c'était un peu comme lui, un peu comme ce qui émanait de lui. t'avais l'impression que ta voix ne serait pas aussi rauque, en prononçant son prénom, que ça t'écorcherait moins les cordes vocales. "est-ce que tu veux essayer?" la question plane un moment, tu la vois s'envoler, là, au-dessus de vos têtes. t'as le regard qui se perds entre les couleurs, le pinceaux tâché de bleu et de rouges orangés, et la toile plus si blanche que ça. t'as le coeur qui tressaute un peu dans ta cage thoracique et les pensées amertumes qui implosent. tu réalise que tu veux pas, que t'as pas envie de glisser tes idées sur le tableau, tu réalise que tu veux pas, prendre le risque de l'abîmé, que tes phalanges tremblent. alors ta tête dodeline, gauche, droite. "pas maintenant. pas tout de suite." t'étais pas prêt, tu le savais, tu le sentais, que c'était plus fort que toi, plus fort que lui.

t'avais envie de laisser tes phalanges courir sur le bois des pinceaux, effleurer leurs fils tachés pigments, étaler tes couleurs, toi aussi. t'avais envie de ressentir, toi aussi, l'exaltation. t'avais envie, toi aussi, d'avoir cette lueur dans le regards au fur et à mesure que le tableau prends forme, t'avais envie de disperser le brouillard dans ta tête en l'encrant, juste là, sur tes toiles trop blanches, t'avais envie d'essayer, de faire ce qu'il te disait, popy. mais t'avais peur, t'avais la haine. le sang qui bouille dans tes veines alors que t'essaie de garder contenance. ne plus les voir. ça te terrifiait, comme un monstre noirceur qui t'engloutis tout entier. il devait voir, popy, l'hésitation tortueuse sur ton visage, déformer tes traits déjà tirés. alors toi, pour pas qu'il ne s'en ailles, t'as souris. sourire maladroit, triste, peut-être un peu hautain. un sourire de contenance, un sourire bouée. "toi, popy, elle est terne, ou colorée ta chambre?" t'aurais aimé lui donner tes raisons, étaler la vérité devant lui. tout expliquer à popy, mais tu pouvais pas, tu voulais pas. si non, si non tout deviendrait réel. ce serait définitif, ce serait te l'avouer, cassio. mais tu voulais quand même savoir, quand même lui parler, pendant qu'il pouvait encore supporter la douleur. et puis, pendant aussi, peut-être.
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