Peau brûlante des phalanges qui s'y sont accrochées, masque écarlate sur son visage... Le sang de Loup a tracé quelques sillons avant de s'imprégner du tissus noir de son haut.
Il va mal, Loup.
Il a mal, c'est tout.
Des coups il en a portés. Il en a abandonné dans la chair de quelqu'un d'autre, mais... dans le fond, il n'y a que lui qui s'en sort avec des blessures plus profondes qu'à son entrée dans le ring.
La porte du ciel recrache sa carcasse, il faut qu'il rentre (que personne ne me voie). Il faut redescendre les escaliers (j'vais pas y arriver) sans tomber (j'vais pas...). Ses bras retiennent ses entrailles alors que ses pas titubent et tentent de compter les marches qui s'annoncent. Loup ne voit pas, il ne voit plus combien elles sont. Les perles écarlates chutent une par une, avouent son crime et tracent sa trajectoire d'ultime perdant. Son trophée de la Honte, Loup l'a gagné. Mais à un prix stupide, inconscient. Parce que Loup il a laissé quelque chose de plus important encore sur l'arène. Peut-être les dernières preuves de tendresse.
Loup ne sait pas à qui appartient le sang qui s'évade de ses lèvres, de son arcade, de lui-même. Est-ce qu'il est à lui? Ou bien à l'autre? Peut-être les deux mélangés, il ne sait pas, mais le gout âcre du métal reste le même quoiqu'il arrive. Tu ne peux pas avoir gagné quoique ce soit avec une saveur aussi diabolique.
(m'échapper)
(vite)
Le regard bleu vide, aveugle, il avance à tâtons dans le noir du bloc habituellement blanc, brise le silence des couloirs endormis. Son ombre de Roi poussière lèche les murs et fuit la lumière. Le Roi il est encore loin de son royaume durement obtenu, durement débattu. Trouver refuge pour enfin cesser de hérisser le dos.
Une porte semble l'appeler. Loup ne réfléchit pas, il entre.
Des cabines, des lavabos, des miroirs et du carrelage. Il sait où il est. Il fait noir, trop noir... Loup ne voit presque pas les contours de ce qui l'entoure, ne peut que faire confiance au clair de lune qui traverse la lucarne. Alors Loup traine sa chair près d'un de ces lavabos, tourne le robinet.
Le son rassurant et perturbant de l'eau achève sa bataille. Avec la force qui lui reste, la force mentale, il récupère les chutes pures entre ses paumes-puits et s'asperge le visage, repasse là où le sang est déjà passé avant lui. Ça lui fait mal, ça lui arrache des bruits de douleur qui s'échappent en même temps que l'eau souillée. Le rouge coule, s'approprie la surface polie de l'évier.
Et pendant que l'animal tente de se purifier,
il y a les larmes qui se mélangent au sang.
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